Rollier d'Europe Coracias garrulus
In Oiseaux nicheurs du Gard, atlas biogéographique 1985-1993 : 153. Centre Ornithologique du Gard
En Costières, un été comme tous les autres : la chaleur est intenable et seules les cigales s'évertuent à se moquer du soleil. Perché sur un câble, l'oiseau bleu, de la taille d'un geai, au corps trapu et au bec fort, attend patiemment la proie qui passera à sa portée. En l'approchant avec précaution, on aperçoit son dos marron. Mais soudain, c'est l'envol. Alors ses couleurs prennent toute leur splendeur : bleu nuit, bleu turquoise des ailes ourlées de noir scintillant de mille lumières sous le ciel presque blanc de l'été surchauffé.
Les steppes rases, presque nues, constituent ses terrains de chasse. Elles doivent être parsemées de perchoirs élevés d'où le rollier surveille le sol, prêt à se laisser tomber sur ses futures victimes (coléoptères, cigales, lézards). Cavernicole, il niche dans des cavités assez larges : loges de pics, fissures des carrières de sable où à défaut anfractuosités des parois d'une ruine.
Le Rollier d'Europe niche de la péninsule ibérique au nord de l'Europe de l'Est. En France on le trouve de façon assez homogène de l'Hérault à la Crau et localement dans le Var et le Roussillon. Ayant colonisé le sud du pays au siècle dernier, il s'est répandu jusqu'à la fin des années 1970, époque qui correspond sans doute à son extension maximale. Depuis, il a connu un recul progressif de son aire de répartition mais aussi probablement une baisse de densité des effectifs. Il a disparu de Suède et les effectifs de l'Allemagne se sont effondrés (BOUSQUET, 1987).
En France ce repli semble s'être amorcé au milieu des années 1970 (en 1974 il était nicheur dans le Tarn). La pluplart des sites du nord du Gard ont été abandonnés. Cependant depuis 1986, ce recul paraît stabilisé, l'espèce regagne du terrain. Quelques chiffres en plaine de Pompignan en témoignent : 2 couples nicheurs en 1986, 5 en 1988, 6 en 1989 et 8 en 1992. Les effectifs gardois comptent 120-150 couples, soit plus du tiers de la population française.
Les causes du déclin sont multiples, d'inégale importance, parfois complémentaires : disparition des biotopes (arbres creux), usage accru des pesticides qui détruisent d'importantes sources de nourriture, persécutions des collectionneurs et compétition avec le choucas sur certains sites. Cependant, des possibilités existent pour protéger l'espèce, dont une très simple, la pose de nichoirs.
Ce migrateur s'observe de fin avril à septembre (dates extrêmes : 28 avril 1983 et 22 septembre 1988).
Gilles Bousquet
Texte saisi par Christophe Bernier, le 28/01/2013