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Enquête Cigales

Vous pouvez continuer à transmettre vos observations en ligne, l'enquête n'est pas "bouclée" comme certains d'entre pouvaient le penser. On travaille sur la synthèse nationale, mais nous avons beaucoup de retard et la parution n'interviendra, au mieux, qu'au printemps 2018. Onem France



A propos des Cigales de France

par P. HERVE (1973) in L'Entomologiste, XXIX (4-5) : 143-145

L'article de M. Boulard sur la "classification des Cigales françaises ", publiée dans le n° 6 du tome XXVIII (déc. 1972) de "L'Entomologiste" a retenu tout spécialement mon attention : on ne peut que souhaiter que cet auteur poursuive la publication de ses travaux sur ces curieux Hémiptères.

En tant que naturaliste méridional, et quoiqu'il ne s'agisse nullement de ma "spécialité", j'avais toujours été intéressé par ces bruyants Insectes. Dès avant la dernière guerre, j'avais malheureusement constaté que ceux-ci, malgré leur popularité, étaient imparfaitement connus du monde scientifique et, qu'à part 3 ou 4 espèces, ils étaient pratiquement indéterminables pour un provincial éloigné des bibliothèques et des collections parisiennes.

Dès 1945 je m'étais donc mis en rapport avec le savant spécialiste français des Homoptères, le Professeur RIBAUT de Toulouse, qui, avec une très grande amabilité, avait bien voulu correspondre à ce sujet avec moi. Il avait même poussé la complaisance jusqu'à m'adresser des renseignements inédits et (écrits de sa main) un avant-projet de catalogue ainsi qu'un premier essai de tableau dichotomiques des genres et espèces déjà signalées de France ou susceptibles de s'y trouver (environ 25 formes), en me faisant remarquer d'ailleurs que "les définitions des espèces pouvant se rencontre en France étaient restées jusqu'ici pour la plupart très insuffisantes et demandaient à être reprises".

Il ne peut naturellement être question pour moi de publier des documents destinés simplement à me rendre service et dont l'auteur m'avait bien souligné le caractère imparfait, tant du point de vue taxonomique (synonymie) que systématique et qui, m'écrivait-il, était même susceptible de m'occasionner quelques déboires (1).

Je lui avais d'ailleurs communiqué, à cette occasion, des matériaux qui l'avaient déjà amené à certaines retouches...

Quoiqu'il en soit, cela m'avait permis de publier, sur les Cigales de Provence, dans le n° 1 des Annales de la Société des Sciences Naturelles de Toulon et du Var (1946-47, p. 41-43), une petite note qui a pu passer inaperçue et au cours de laquelle je signalais les captures suivantes :

A. - Des environs de Toulon : Lyristes plebejus Scop. (sous le nom de Tibicen plebejus Scop., Cicada orni L., Cicadatra atra Ol. (sous le nom de Cicadatra concinna Germ.), Cicadetta transylvanica [= Cicadetta brevipennis] Fieb. (non encore signalée de France d'après le Pr RIBAUT).

B. - Des massifs siliceux du Var où elle est abondante : Tibicina nigronervosa Fieb. [en fait, il s'agit probablement de Tibicina quadrisignata] (non encore signalée de France continentale d'après le Pr RIBAUT).

C. - Des Alpes-Maritimes : Cicadetta montana Scop. et Cicadetta megerlei Fieb. (celle-ci non encore signalée de France d'arpès le Pr RIBAUT).

A noter que le dos des tibias postérieurs de ces
C. megerlei était épineux alors que chez certains exemplaires des C. montana il ne n'était pas. Il en résulte (d'après le Pr RIBAUT) que seule la couleur des nervures paraît distinguer les deux formes (avec peut-être la taille ?) - C. mergelei pouvant n'être alors qu'une variété de C. montana, sous réserve de l'examen des genitalia mâles.

Par ailleurs je crois devoir profiter de l'occasion pour ajouter les précisions ci-après :

1° - Aux environs de Toulon, chez
Cicadatra atra (concinna) les deux nervures transverses apicales externes peuvent être ou non entourées de brun (avec tous les passages).

2° - Les caractères de coloration (en particulier des nervures) des Tibicina paraissent plus ou moins sujets à variation, de même que la hyalinité de la cellule basale des élytres.

Il me semble, d'après les matériaux que je possède, que, dans les départements du Var et des Alpes-Maritimes, se rencontrente, outre T. nigronervosa Fieb., les Tibicina haematodes Scop. et Tibicina quadrisignata Hag. [pour cette dernière, il s'agit là probablement de Tibicina garricola]... mais il me paraît bien possible qu, d'une manière générale, la systématique des Cigales doivent être reprise après étude des organe copulateurs (2).

3° - En ce qui concerne le genre Cicadetta, outre les espèces citées ci-dessus, je crois, avec réserve, posséder plusieurs exemplaires de //C. argentata//
?
Ol. (moyennes montagnes des Alpes-Maritimes), et de C. tibialis Pnz. (5 cellules apicales aux ailes seulement, environs de Sospel) et, peut-être aussi d'autres formes (?).

4° - Enfin, les mâles de chaque espèce (ou au moins chaque groupe d'espèces) de Cigales paraissent émettre des sons particuliers - ce qui est très utile pour le chasseur qui doit d'ailleurs prêter une oreille très attentive au chant bien faible des petites espèces cachées parmi les plantes basses et souvent même dans l'herbe. Il est beaucoup plus facile de les capturer quand on a été ainsi averti de leur présence, par exemple dans les landes de moyenne montagne.

(1) Je n'en ai donné connaissance, à titre personnel, qu'à quelques amis.
(2) Inutile de dire qu'un travail moderne et complet, permettant de déterminer avec certitude toutes les Cigales susceptibles d'être rencontrées par eux, serait accueilli avec reconnaissance par les entomologistes méridionaux.
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