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Les Cigales du Bois de Païolive (Ardèche). Liste des espèces et données éco-éthologiques
Article disponible dans sa version originale : 
http://www.cicadasong.eu/files/article-29.pdf
Les Cigales
du Bois de Païolive
(Ardèche)
Liste des espèces et
données éco-éthologiques
Stéphane Puissant
© S. Puissant
Remerciements :
Nous tenons à remercier le WWF France qui a commandité cette étude dans le cadre de son
programme Forêts Anciennes (site pilote du bois de Païolive). Nos plus vifs remerciements
s’adressent également à Monsieur Henri-Pierre Aberlenc pour son aide des plus précieuses
durant la période des prospections de terrain et pour les discussions enrichissantes portant
entre autre sur les abondances relatives des différentes espèces de cigales du Bois de Païolive.
Enfin, nous tenons également à remercier Maurice Lhomme pour l’utilisation de sa carte de la
zone d’étude de Païolive au sens large.
Citation conseillée :
Puissant S. 2012. Les Cigales du Bois de Païolive (Ardèche). Liste des
espèces et données éco-éthologiques. Rapport WWF, Marseille, 40 pages.
Mots clés :
Espèce patrimoniale / Ecologie / Acoustique / Cicadidae
Résumé : Les Cigales du Bois de Païolive (Ardèche).
Liste des espèces et données éco-éthologiques.
Cinquante trois stations ont été échantillonnées sur le massif du Bois de
Païolive (Ardèche, France) sur une période de prospections de six jours
menées en juin 2012. Six espèces de cigales furent relevées au sein du
périmètre d’étude. Une espèce, Dimissalna dimissa (Hagen, 1856), est
patrimonialement intéressante, étant en limite d’aire occidentale de
répartition. Pour chaque espèce de cigale, une cartographie de leur
répartition est livrée pour le Massif ainsi qu’une représentation graphique
spécifique caractérisant leurs émissions sonores. Des traits d’écologie et de
comportement sont donnés et replacés dans le contexte bibliographique
portant sur la connaissance de chaque espèce.
SOMMAIRE
INTRODUCTION.................................................................................................................... 4
MATÉRIEL ET MÉTHODE ..................................................................................................... 5
RÉSULTATS .......................................................................................................................... 7
1) Lyristes plebejus (Scopoli, 1763) : la grande Cigale commune...................................... 10
2) Cicada orni Linné, 1758, le Cacan, la Cigale grise ou panachée ................................... 14
3) Cicadatra atra (Olivier, 1790), la Cigale noire ................................................................ 18
4) Tibicina haematodes (Scopoli, 1763), la Cigale rouge................................................... 22
5) Dimissalna dimissa (Hagen, 1856), la Cigalette des Balkans ........................................ 26
6) Tettigettula pygmea (Olivier, 1790), la Cigalette pygmée............................................... 31
DISCUSSION ....................................................................................................................... 35
RÉFÉRENCES..................................................................................................................... 37
4
INTRODUCTION
Suite à une demande du WWF France, une étude fut effectuée sur les cigales du Bois de Païolive
(Ardèche) durant la fin du printemps 2012.
Le Bois de Païolive est un site d’étude remarquable sur bien des points. Il est notamment connu pour
sa grande diversité de milieux naturels de fort intérêt biologique (Vallauri & Baret, 2008) et pour son
exceptionnelle biodiversité entomique1, abritant entre autre la cétoine bleue relictuelle Eupotosia mirifica
(Mulsant, 1842) : Aberlenc (2008), Aberlenc & al. (2003). Le Bois de Païolive se caractérise par une forte
présence de chênes pubescents (Fig. 1) poussant sur sol calcaire du Berrasien, du Kimméridgien supérieur
et de l’Oxfordien (Holthof, 2008). La densité du réseau hydrographique y est faible et les milieux sont de fait
plutôt chauds et xériques. La chênaie alterne avec la garrigue qui évolue en forêt méditerranéenne de
chênes pubescents là où le sol le permet (Holthof, op. cit.).
Six jours de prospections furent menés du 14 juin au 19 juin 2012. Chaque espèce de cigale relevée
fut photographiée et des enregistrements des émissions sonores des spécimens dans leur milieu furent
effectués. 
Simultanément, les températures et les taux d’humidité furent notés afin de tenter de préciser au
mieux les conditions hygrothermiques optimales d’activité du peuplement cicadéen de la zone étudiée.
Avec cinquante trois stations géo-référencées, cette étude permet de dresser une première
cartographie des espèces pour le bois.
Par ailleurs, cette mission eut pour objet de compléter et d’améliorer les connaissances portant sur
Dimissalna dimissa (Hagen, 1856). Cette cigale, connue du site par un spécimen de collection capturé en
1985, était restée méconnue de France jusqu’à ce qu’elle soit à nouveau collectée, enregistrée et identifiée
au début du mois de juillet 2010 (Puissant & Sueur, 2011). De nouvelles données éco-éthologiques pour
cette espèce sont recueillies. Dernière en date pour la faune de France des cigales, D. dimissa porte à vingt
le nombre de taxons connus sur le territoire national.
Figure 1. Vue globale de la forêt du Bois de Païolive poussant sur sol calcaire.
1 Le terme « entomologique » est plus usité mais inexact. Il signifie « sciences qui étudient les insectes » et non
« faune des insectes ». Ainsi, parler de "biodiversité entomologique", signifierait que l'on traite de la "biodiversité des
sciences qui étudient les insectes"… soit la biodiversité des entomologistes et non des insectes (cf. Boulard (1991) pour
plus de précisions) !
© S. Puissant
5
MATÉRIEL ET MÉTHODE
La nomenclature adoptée pour les noms scientifiques de cigales suit celle de Sueur & Puissant (2007),
modifiée par Puissant & Sueur (2010) en ce qui concerne les Cicadettinae.
L’aire de prospections retenue dans le cadre de cette étude se calque sur celle présentée au sens
large par la carte de Lhomme (2008, planche I).
Les six jours de prospection s’étalent durant la deuxième quinzaine du mois de juin et correspondent à
la période durant laquelle il est possible d’observer en France l’ensemble des espèces de cigales connues
(Puissant, 2006 : p.90). C’est également le moment de l’année où nombre d’espèces ont leurs populations
avec leurs effectifs au plus haut. Les cigales étant plus facilement décelées par l’écoute de leurs
cymbalisations d’appel, la détection des espèces les plus discrètes et de petites tailles comme D. dimissa et
Tettigettula pygmea (Olivier, 1790) est plus aisée lorsque les cymbalisations des espèces de plus grandes
tailles telles que Lyristes plebejus (Scopoli, 1763) et Cicada orni L., 1758 n’envahissent pas la sonosphère.
Sur le site d’étude, les dates de prospections correspondent à la pleine période d’activité des espèces de
cigales de petites tailles tandis que les espèces de plus grandes tailles sont déjà sorties mais sont pour la
plupart au début de leur période d’apparition : les risques de ne pas détecter les espèces les plus discrètes
sont donc diminués.
La répartition de chaque espèce au sein de l’aire d’étude se présente sous forme de points positionnés
sur la carte de Lhomme (loc. cit.) : Figures 5, 9, 13, 18, 22 et 27. Un point visualise une station. Chaque
station est une unité géographique pouvant être échantillonnée en moins d’une demi-heure. Ses
caractéristiques sont les mêmes que celles définies par Puissant (2006). Sont ainsi relevés pour chacune
des stations l’étage de végétation tel que défini par Defaut (1994, 1996) et le(s) numéro(s) de classe(s) de
végétation abritant une ou plusieurs espèces de cigales. Chaque numéro de classe de végétation (Tabl. 1 :
« Cl ») définit un habitat (Fig. 2).
Figure 2. Caractérisation physionomique et structurale des huit classes de végétation
(e.g. Puissant, 2006 ; Puissant & Sueur, 2010 ; Sueur & Puissant, 2002 ; Sueur & al. 2004).
Cette méthodologie a été utilisée à maintes reprises avec succès pour l’ensemble des cigales de
l’ouest de l’Europe : Puissant & Sueur (2002, 2010) ; Sueur & Puissant (2002) ; Sueur & al. (2004).
6
Pour chaque espèce est également livrée sa carte de répartition en France avec comme unité de base
l’échelle du département. Seules les données publiées de la littérature et les données ayant pu faire l’objet
de contrôles sur la fiabilité de la détermination des espèces sont retenues (cf. Puissant, 2006 : p.13). Ces
cartes sont amenées à être complétées mais elles donnent déjà une idée globale de la répartition d’un taxon
sur le territoire national.
La température et l’humidité furent relevées sur le terrain à l’ombre toutes les heures de 9h00 à 19h00
avec un thermomètre-hygromètre externe d’une précision de ± 0.5°C et ± 1% d’humidité.
Le nombre de mesures des températures (T°C) et des taux d’humidité (H°%) durant la période d’étude
est de 59 pour chacun des deux paramètres.
Les mesures des températures et humidités des périodes d’activité de chaque espèce sont présentées
sous la forme : moyenne ± écart type (minimum-maximum).
Les cymbalisations d’appel des mâles ont été enregistrées in natura de 10h00 à 18h00, période
correspondant au maximum d’activité des cigales. Les prises de sons furent effectuées à l’aide d’un
microphone omnidirectionnel Sennheiser ME 62 (réponse de fréquences : 20 – 20000 Hz ± 2,5 dB) relié à un
WAV/MP3 Recorder EDIROL R-09 ROLAND (fréquence d’échantillonnage 44100 Hz, réponse de
fréquences 20 – 22000 Hz, numérisation de 16 bits). Les durées des émissions sonores et les fréquences
ont été analysées à l’aide des logiciels Soundruler (Gridi-Papp, 2003–2007) et Avisoft-SASLab Light
(Specht, 2004). Les mesures des fréquences ont été réalisées à l’aide de la fast Fourier transform (FFT) en
utilisant une taille de fenêtre de 1024 points : précision fréquentielle Δf = 43,1 Hz.
Le vocabulaire utilisé pour la description des visualisations graphiques des cymbalisations est extrait
de Sueur & al. (2002).
Des observations effectuées in natura durant la période de prospection de l’étude viennent parfois
étayer les résultats et chaque espèce fut prise en photo dans son biotope. Pour de plus amples informations
sur la biologie et l’écologie des espèces en France, il sera nécessaire de se reporter à Puissant (2006).
7
RÉSULTATS
La localisation des 53 stations est livrée par la Figure 3 et le Tableau 1.
Figure 3. Fond de carte de Lhomme (2008) avec géo-localisation des 53 stations échantillonnées.
L’effort d’échantillonnage est relativement homogène mais demanderait dans le futur à être complété
pour les communes de l’extrême nord et du sud – sud-est de la zone d’étude.
8
Tableau 1. Caractéristiques géographiques des 53 stations échantillonnées avec en grisé la présence
d’une espèce de cigale recensée dans une classe de végétation de la station.
« Cl » : classe de végétation (cf. Fig. 2).
Les conditions climatiques furent tout particulièrement propices durant la période de prospections : peu
de vent et ciel sans nuage durant la majeure partie du temps. Certaines journées connurent d’importantes
pointes de chaleurs (jusqu’à 36°C) avec une atmosphère très sèche (23% d’humidité seulement),
notamment dans les milieux ouverts ayant d’importantes plages de sol nu calcaire.
Températures et humidités relevées durant l’étude sur le terrain :
T°C = 28,37 ± 3,05 (22-36) ;
H°% = 40, 27 ± 6,81 (23-55).
L’observation des différentes espèces végétales présentes au sein de l’aire d’étude indique que
l’ensemble des stations s’inscrivent dans l’étage de végétation méditerranéen sub-humide tempéré
(SH3) tel que définit par Defaut (1994, 1996).
Six espèces de cigales furent recensées durant les prospections (Tabl. 1) avec, par ordre
systématique :
1) Lyristes plebejus (Scopoli, 1763), la grande Cigale commune ;
2) Cicada orni Linné, 1758, le Cacan, la Cigale grise ou panachée ;
3) Cicadatra atra (Olivier, 1790), la Cigale noire ;
4) Tibicina haematodes (Scopoli, 1763), la Cigale rouge ;
5) Dimissalna dimissa (Hagen, 1856), la Cigalette des Balkans ;
6) Tettigettula pygmea (Olivier, 1790), la Cigalette pygmée.
10
1) Lyristes plebejus (Scopoli, 1763) : la grande Cigale commune
Températures et humidités moyennes relevées durant
les périodes d’activité :
T°C = 29.3 ± 2.6 (25-32), 6 mesures ;
H°% = 40.7 ± 6.7 (32-45), 6 mesures.
Avec C. orni et C. atra, L. plebejus est une des
espèces comptant parmi les plus thermophiles de la zone
d’étude. C’est également la dernière espèce à apparaître
au stade adulte sur Païolive, d’où un nombre de mesures
faibles liées à la période précoce de prospection.
La présence de cette espèce au sein de l’aire
d’étude (Fig. 5) est manifestement sous-évaluée, ceci
étant vraisemblablement lié ici aussi à la période précoce
de prospection. A l’instar de C. orni, il est fort probable
qu’elle soit répartie de façon plus ou moins localisée sur
l’ensemble du massif de Païolive.
Classes de végétation occupées : 7 et 8, zones
buissonnantes, arbustives et arborées suffisamment
ouvertes pour bien laisser pénétrer la lumière. Comme
les femelles de C. orni, les femelles de L. plebejus
peuvent parfois être observées dans la strate herbacée,
venant déposer leurs oeufs dans des tiges de plantes à
moelle presque sèches ou totalement desséchées.
Les caractéristiques de la cymbalisation d’appel des mâles sont données par la Figure 7. La
cymbalisation est conforme aux résultats publiés par Boulard (1995) pour la France, la fréquence dominante
étant ici également étroite et comprise entre 6 000 et 7 000 Hz. La perception des sons chez cette espèce a
été récemment étudiée par Sueur & al. (2010).
© S.
Figure 4. Lyristes plebejus mâle en posture
de cymbalisation : homélytres décoaptés des
rainures mésonoto-homélytrales de
coaptation et rabattus le long du support.
© S. Puissant
11
Figure 5. Répartition de L. plebejus au sein de l’aire d’étude.
12
La répartition de cette espèce en France est livrée par la Figure 6 où elle apparaît être présente
dans le grand quart sud-est du territoire national tout en étant absente de Corse (Puissant & Sueur, 2002).
Figure 6. Répartition à l’échelle des départements de L. plebejus en France.
13
Figure 7. Cymbalisation d’appel de L. plebejus. T°C = 32°C ; H°% = 32 %.
A.- Du haut vers le bas : spectre fréquentiel avec une fréquence dominante marquée par un astérisque
(*) comprise entre 6 000 et 7 000 Hz, sonogramme et oscillogramme.
B.- Oscillogramme détaillé d’une partie de 22.3 secondes de A pris dans le plein signal et montrant la
structure d’une phrase.
C.- Sonogramme et oscillogramme détaillés d’une partie de 8.7 secondes de B pris dans le signal et
montrant la structure de la fin d’une phrase.
14
2) Cicada orni Linné, 1758, le Cacan, la Cigale grise ou panachée
La posture de cymbalisation de cette espèce diffère
peu de l’attitude adoptée lors du repos.
Températures et humidités moyennes relevées
durant les périodes d’activité :
T°C = 29.9 ± 3.4 (25-36), 22 mesures ;
H°% = 37.4 ± 7.4 (25-55), 22 mesures.
Avec C. atra, cette espèce est la plus
thermoxérophile de la zone d’étude, cymbalisant durant
les heures les plus chaudes et sèches de la journée.
A l’instar de L. plebejus avec laquelle elle se
rencontre le plus souvent dans les mêmes milieux, C.
orni occupe les classes de végétation 7 et 8 : zones
buissonnantes, arbustives et arborées suffisamment
ouvertes pour bien laisser pénétrer la lumière. Les
femelles peuvent parfois être observées dans la strate
herbacée, venant déposer leurs oeufs dans des tiges de
plantes à moelle presque sèches ou totalement
desséchées.
A l’échelle de sa répartition dans l’Ouest Paléarctique, les émissions sonores de cette espèce ont fait
l’objet de nombreuses publications récentes, notamment : Pinto-Juma & al. (2005), Quartau & Simões
(2006), Quartau & al. (1999, 2000). Concernant Païolive, les caractéristiques de la cymbalisation d’appel des
mâles sont données par la Figure 10. La cymbalisation est conforme aux résultats publiés par Boulard
(1995) pour la France, la fréquence dominante étant ici également comprise entre 4 300 et 5 500 Hz. La
perception des sons chez cette espèce a été récemment étudiée par Sueur & al. (2010).
Figure 8. Cicada orni mâle en posture de
cymbalisation : le corps est légèrement
dégagé du support, les homélytres étant
quelque peu soulevés.
© S. Puissant
15
Figure 9. Répartition de C. orni au sein de l’aire d’étude.
La répartition de cette espèce en France est livrée par la Figure 11 où elle apparaît être présente dans
le tiers sud du pays, étant également répartie sur l’ensemble du territoire corse (Puissant & Sueur, 2002).
16
Figure 10. Cymbalisation d’appel de C. orni. T°C = 33°C ; H°% = 35 %.
A.- Du haut vers le bas : spectre fréquentiel avec une fréquence dominante marquée par un astérisque
(*) comprise entre 4 300 et 5 500 Hz, sonogramme et oscillogramme.
B.- Oscillogramme détaillé d’une partie de 1.7 secondes de A pris dans le plein signal et montrant la
structure d’un module, puis d’une phrase induite par une perturbation dans le champ visuel du mâle, phrase
suivie de modules marquant la reprise de la cymbalisation d’appel caractéristique de cette espèce.
C.- Sonogramme et oscillogramme détaillés d’une partie de 0.2 seconde de B pris dans le signal et
montrant les groupes de pulsations d’un module.
17
Figure 11. Répartition à l’échelle des départements de C. orni en France.
18
3) Cicadatra atra (Olivier, 1790), la Cigale noire
Températures et humidités moyennes relevées
durant les périodes d’activité :
T°C = 29.1 ± 3.3 (25-33), 8 mesures ;
H°% = 39.6 ± 5.2 (32-45), 8 mesures.
Le faible nombre de mesures est à associer à
deux facteurs limitants : la période précoce de
prospection et le fait que cette cigale semble peu
répandue et localisée sur la zone d’étude (Fig. 13).
Avec C. orni et L. plebejus, C. atra est une des espèces
les plus thermophiles de la zone d’étude, ce que
confirme par ailleurs sa répartition à l’échelle du
territoire national (Fig. 16).
Comme déjà évoqué ci-dessus, C. atra n’est pas
une espèce largement répandue au sein de l’aire
d’étude (Fig. 13) mais sa répartition doit tout de même
être relativement sous-évaluée à cause de la période
précoce de prospection. Par ailleurs, le nombre peu
élevé de populations de cette cigale peut être associé
au fait que cette espèce atteint dans le département de
l’Ardèche sa limite nord de répartition (Fig. 16).
Sur le massif du Bois de Païolive, C. atra se rencontre le plus souvent en compagnie de C. orni. Sur
l’ensemble de son aire de répartition de France, elle est également fréquemment observée avec L. plebejus,
ces trois espèces de cigale constituant le trio le plus couramment entendu sur le pourtour méditerranéen.
C. atra se rencontre en France dans l’ensemble des classes de végétation tandis qu’elle ne fut observée au
sein de l’aire d’étude que dans les classes 5, 7 et 8, marquant une nette préférence pour les deux dernières
classes de végétation. Il est à noter que c’est également dans ces deux dernières classes de végétation que
C. atra est la plus courante à l’échelle de son aire de répartition sur le territoire national.
Figure 12. Cicadatra atra mâle en posture de
cymbalisation : tête en bas et abdomen
cambré. Lors du plein signal, les homélytres
sont ensuite décoaptés des rainures
mésonoto-homélytrales de coaptation pour être
rabattus le long du support.
© S. Puissant
19
Figure 13. Répartition de C. atra au sein de l’aire d’étude.
L’émission sonore de cette espèce en France a été décrite par Boulard (1992, 1995) et sa
cymbalisation de cour fut livrée pour la première fois dans Boulard (1992). Ces deux types d’émissions
sonores ont été enregistrés à Païolive (Fig. 14 et Fig. 15). Leurs caractéristiques acoustiques sont en tous
points conformes à celles présentées par Boulard (op. cit.) : la large plage de fréquences émises est
analogue et les fréquences dominantes sont identiques. La cymbalisation de cour est caractérisée par un
claquement émis entre chaque module (Fig. 15) dont l’origine est exposée dans Gogala & Trilar (2003). La
perception des sons chez cette espèce a été récemment étudiée par Sueur & al. (2006, 2010).
20
Figure 14. Cymbalisation d’appel de C. atra. T°C = 25°C ; H°% = 45 %.
A.- Du haut vers le bas : spectre fréquentiel avec une fréquence dominante marquée par un astérisque
(*) comprise entre 10 800 et 12 500 Hz, sonogramme et oscillogramme.
B.- Oscillogramme détaillé d’une partie de 7.3 secondes de A pris dans le plein signal et montrant la
structure d’une phrase où les modules apparaissent indiscernables car fortement télescopés.
C.- Sonogramme et oscillogramme détaillés d’une partie de 0.1 seconde de B pris dans le signal et
montrant les groupes de pulsations du signal.
21
Figure 15. Cymbalisation de cour avec sonogramme en haut et oscillogramme en bas. Les flèches
visualisent les claquements émis entre chaque module, ces claquements produisant une « traîne » de
basses fréquences relativement intenses.
Figure 16. Répartition à l’échelle des départements de C. atra en France.
La répartition de cette espèce en France est livrée par la Figure 16 où elle apparaît être présente dans
l’ensemble des départements méditerranéens. Elle transgresse légèrement dans l’étage de végétation subméditerranéen
tempéré (SX3) du département des Hautes-Alpes (Yoan Braud com. pers.).
22
4) Tibicina haematodes (Scopoli, 1763), la Cigale rouge
Températures et humidités moyennes relevées
durant les périodes d’activité :
T°C = 28.8 ± 3.2 (22-36), 36 mesures ;
H°% = 39.6 ± 7.9 (23-55), 36 mesures.
Cette espèce émet sa cymbalisation d’appel
nuptial pour une très large plage de températures mais
semble quelque peu limiter son activité lorsque
l’humidité atmosphérique vient à diminuer. Il est
intéressant de relever que T. haematodes est capable
de cymbaliser dès que la température atteint 22°C.
Cette température d’activité est basse en comparaison
des températures nécessaires à la majorité des autres
espèces de cigales de France qui débutent leur
cymbalisation à partir de 25°C. Ces observations sont à
rapprocher du fait que cette espèce se reproduit dans
plusieurs départements plus frais et humides de la
moitié nord de la France (Fig. 20).
T. haematodes est largement répandue sur
l’ensemble du territoire prospecté (Fig. 18) et doit être
globalement très présente dans tout le massif du Bois
de Païolive et ses environs. Elle est l’une des espèces
de cigales parmi les plus abondantes du Massif. La
période de prospection ayant eu lieu durant le pic
d’abondance de cette espèce, l’évaluation de sa
répartition au sein de l’aire d’étude peut être estimée
comme satisfaisante.
A l’instar de L. plebejus, C. orni, D. dimissa et de T. pygmea avec lesquelles elle partage les mêmes
milieux, T. haematodes occupe les classes de végétation 7 et 8 : zones buissonnantes, arbustives et
arborées suffisamment ouvertes pour bien laisser pénétrer la lumière. Les femelles déposent leurs oeufs
dans des tiges de faibles diamètres et encore vertes.
Figure 17. Tibicina haematodes mâle en
posture de repos : homélytres en position dite
« stégoptère ».
© S. Puissant
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Figure 18. Répartition de T. haematodes au sein de l’aire d’étude.
L’émission sonore de cette espèce fut étudiée pour la première fois par Boulard (1990, 1995) puis en
détail par Sueur & Aubin (2002). Les cymbalisations enregistrées à Païolive sont données par la Figure 19.
Elles sont conformes aux résultats publiés par Boulard (op. cit.) et Sueur & Aubin (op. cit.) : la structure de la
phrase est analogue et la fréquence dominante est ici également comprise entre 6 500 Hz et 8 500 Hz. Il
existe une cymbalisation de cour qui n’a pas été enregistrée dans le cadre de ce travail mais qui fut étudiée
en détail par Sueur & Aubin (2004).
24
Figure 19. Cymbalisation d’appel de T. haematodes. T°C = 26°C ; H°% = 45 %.
A.- Du haut vers le bas : spectre fréquentiel avec une fréquence dominante marquée par un astérisque
(*) comprise entre 6 500 et 8 500 Hz, sonogramme et oscillogramme.
B.- Oscillogramme détaillé d’une partie de 18.5 secondes de A pris dans le plein signal et montrant la
structure d’une phrase où les modules du début de phrase se détachent puis deviennent indiscernables car
fortement télescopés.
C.- Sonogramme et oscillogramme détaillés d’une partie de 1.7 seconde de B pris au début de la
phrase et montrant les modules isolés émis par cette espèce.
25
Figure 20. Répartition à l’échelle des départements de T. haematodes en France.
La répartition de cette espèce en France est livrée par la Figure 20 où elle apparaît être présente aussi
bien dans la moitié nord que la moitié sud de la France. Anciennement connue du quart nord-est de la
France (Doderlein, 1914 ; Hugel & al., 2008), T. haematodes semble aujourd’hui avoir disparu de cette partie
du territoire national.
26
5) Dimissalna dimissa (Hagen, 1856), la Cigalette des Balkans
Températures et humidités moyennes relevées
durant les périodes d’activité :
T°C = 26.6 ± 2.2 (22-30), 19 mesures ;
H°% = 42.3 ± 6.9 (23-55), 19 mesures.
Cette espèce émet sa cymbalisation pour une
large plage de températures mais limite son activité
lorsque la température moyenne dépasse les 30°C. A
l’inverse et à l’instar de T. haematodes, elle est capable
de cymbaliser dès que la température atteint les 22°C.
Elle apparaît comme l’espèce de cigale la moins
thermoxérophile des six espèces présentes sur le massif
de Païolive. N’étant pour l’instant connue que des
départements de l’Ardèche (Puissant & Sueur, 2011) et
du Var (Gurcel, 2011) (Fig. 25), D. dimissa pourrait de
fait être trouvée à l’avenir en France en dehors de
l’étage de végétation méditerranéen sub-humide
tempéré (SH3). Elle serait à rechercher notamment dans
le sub-méditerranéen tempéré (SX3).
D. dimissa a été rencontrée sur l’ensemble de la moitié nord du massif forestier du Bois de Païolive où
elle apparaît relativement localisée. Les populations les plus importantes sont situées dans les stations 1 et
2. Cette cigale doit être globalement présente et disséminée dans toute la moitié nord du Massif mais elle ne
fut pas contactée dans les parties les plus au sud du périmètre d’étude (Fig. 22). Elle est également
présente à l’est du Massif : station 32. Cette population est la première d’une série qui s’étend le long des
gorges de l’Ardèche jusqu’à la station découverte à Vallon-Pont-d’Arc durant l’année 2010 (Puissant &
Sueur, op. cit.). La période de prospection ayant eu lieu durant le pic d’abondance de cette espèce,
l’évaluation de sa répartition au sein de l’aire d’étude peut être estimée comme satisfaisante.
Figure 21. Dimissalna dimissa femelle venant
de réaliser en début de matinée son
exuviation sur une tige de Rubus sp., l’exuvie
étant visible en bas à droite de l’image.
© S. Puissant
27
Figure 22. Répartition de D. dimissa au sein de l’aire d’étude.
A l’instar de L. plebejus, C. orni, T. haematodes et de T. pygmea, D. dimissa occupe les classes de
végétation 7 et 8. C’est cependant avec T. haematodes et T. pygmea qu’elle se rencontre le plus souvent
dans les mêmes milieux (Fig. 23). D. dimissa est une espèce acrodendrique, affectionnant tout
particulièrement la cime des arbres, notamment celle du chêne pubescent.
L’abondance de cette espèce semble difficile à évaluer par l’écoute seule du nombre de mâles
émetteurs présents sur une station. Des recherches approfondies d’exuvies sur la station 1 ont révélé une
moyenne de 36 exuvies pour 15 m2 tandis qu’une dizaine de mâles seulement cymbalisaient au plus.
L’écoute seule des cymbalisations semble donc aboutir à une sous-estimation des effectifs de l’espèce dans
la station échantillonnée.
28
L’exuviation de cette espèce fut observée durant les premières heures de la matinée mais des exuvies
déjà présentes en nombre et non observées la veille au soir laissent supposer que cette espèce peut
également se transformer durant la nuit. Le support d’exuviation est une tige de faible diamètre (Fig. 21) ou
la face inférieure d’une feuille. L’exuviation a lieu du niveau du sol à une cinquantaine de centimètres de
haut seulement. Ces traits de comportement la rapprochent de Cicadivetta tibialis (Panzer, 1798) : Puissant
& Sueur (2000).
Des scarifications de pontes furent également trouvées dans la station 1, en lisière forestière, au coeur
d’un milieu où un nombre important d’exuvies de cette espèce furent observées. Les pontes sont en tous
points semblables à celles de T. pygmea décrites par Boulard (1974). Cependant, T. pygmea étant absente
de la station 1, les pontes doivent en toute vraisemblance se rapporter à D. dimissa. Les oeufs sont déposés
dans une tige verte de faible diamètre à une vingtaine de centimètres du niveau du sol. L’ouverture des
scarifications étant orientée vers le sol, la femelle introduit donc sa tarière dans le végétal tête vers le bas.
Six scarifications au total purent être relevées, chaque scarification aboutissant à la création d’une logette à
deux cellules ovigères. Une cellule abrite en moyenne une dizaine d’oeufs déposés en rangée linéaire.
L’émission sonore de cette espèce en
France fut présentée pour la première fois par
Puissant & Sueur (2011) à partir de mâles
enregistrés sur le massif du Bois de Païolive. De
nouvelles cymbalisations ont été enregistrées
dans le cadre de cette étude (Fig. 24). Elles sont
en tous points conformes aux résultats
récemment publiés (Puissant & Sueur, op. cit.) :
chaque phrase est composée de quatre parties
et la bande des fréquences est large avec des
fréquences dominantes comprises entre 11 800
Hz et 15 000 Hz. Il existe deux types de
cymbalisations chez cette espèce (Gogala &
Popov, 2000). Si le premier type de
cymbalisation n’avait pu être entendu lors des
premiers contacts sur Païolive (Puissant &
Sueur, 2011), les écoutes réalisées dans le
cadre de cette étude ont permis de les mettre en
évidence sans toutefois pouvoir les enregistrer à
cause de l’éloignement des mâles émetteurs.
Figure 23. Vue globale de la station 1 abritant une
importante population de D. dimissa avec
prédominance du chêne pubescent et proximité
immédiate d’une lisière.
© S. Puissant
29
Figure 24. Cymbalisation d’appel de D. dimissa. T°C = 27.5°C ; H°% = 43 %.
A.- Du haut vers le bas : spectre fréquentiel avec une fréquence dominante marquée par un astérisque
(*) comprise entre 11 800 et 15 000 Hz, sonogramme et oscillogramme.
B.- Oscillogramme détaillé d’une partie de 5.1 secondes de A pris dans le plein signal et montrant la
structure d’une phrase où les regroupements des modules composent quatre parties bien distinctes.
C.- Sonogramme et oscillogramme détaillés d’une partie de 2.1 secondes de B pris dans la première
moitié de la phrase et montrant leur structuration de la partie une à trois.
30
Figure 25. Répartition à l’échelle des départements de D. dimissa en France.
La répartition de cette espèce en France est livrée par la Figure 25. En l’état actuel des
connaissances, cette espèce n’est connue que de deux départements du territoire national, toutes ses
stations étant situées dans l’étage de végétation méditerranéen sub-humide tempéré (SH3).
31
6) Tettigettula pygmea (Olivier, 1790), la Cigalette pygmée
Températures et humidités moyennes relevées
durant les périodes d’activité :
T°C = 27.8 ± 2.1 (25-32.6), 26 mesures ;
H°% = 40.9 ± 5.1 (32-50), 26 mesures.
La plage d’activité de T. pygmea est relativement
conforme à la plupart des espèces de cigales de
France. Malgré sa petite taille, T. pygmea ne semble
cymbaliser qu’à partir de 25°C. Elle est de fait une
espèce plutôt thermoxérophile ce que confirme sa
répartition à l’échelle du territoire national (Fig. 29),
cette cigale étant cantonnée dans le tiers sud de la
France.
T. pygmea est répartie sur l’ensemble du
périmètre d’étude mais semble cependant plus
abondante dans la moitié nord du Massif forestier. A
l’instar de T. haematodes, T. pygmea est l’une des
cigales parmi les plus abondantes du Bois de Païolive
(Fig. 27). La période de prospection ayant eu lieu
durant le pic d’abondance de cette espèce,
l’évaluation de sa répartition au sein de l’aire d’étude
peut être estimée comme satisfaisante.
T. pygmea est présente dans les classes de végétation 7 et 8 avec une fréquence plus élevée pour la
classe 8. Au sein du périmètre d’étude, elle affectionne tout particulièrement les branches relativement
élevées de chêne pubescent, étant agriffée à 2-3 mètres au dessus du niveau du sol. Elle a souvent été
observée en compagnie de D. dimissa mais également avec T. haematodes et C. orni.
Figure 26. Jeune mâle de Tettigettula pygmea
venant de réaliser en début de matinée son
exuviation sur une tige de graminée.
© S. Puissant
32
Figure 27. Répartition de T. pygmea au sein de l’aire d’étude.
L’émission sonore de cette espèce fut étudiée en France par Boulard (1995) et par Popov & al. (1997)
en Slovénie sous le nom de Tettigetta brullei (Fieber, 1876). De récents enregistrements effectués en
France par Puissant et Sueur (2010) aboutirent à la conclusion que ces deux taxons avaient une
cymbalisation d’appel nuptial analogue et furent donc mis en synonymie. Les cymbalisations enregistrées à
Païolive sont conformes à celles décrites par les auteurs précédemment évoqués : les deux types
d’émissions sonores ont été relevés et les fréquences dominantes sont comprises entre 16 000 et 19 000 Hz
avec une plage de fréquences très large.
33
Figure 28. Cymbalisation d’appel de 
T. pygmea
. T°C = 27°C ; H°% = 47 %. 
A.- Du haut vers le bas : spectre fréquentiel avec une fréquence dominante marquée par un astérisque 
(*) comprise entre 16 000 et 19 000 Hz, sonogramme et oscillogramme. 
B.-  Oscillogramme  détaillé  d’une  partie  de  1  seconde  de  A  pris  dans  le  plein  signal  et  montrant  la 
structure de trois phrases  composées chacune de  quelques groupes de pulsations isolés et d’un ensemble 
de groupes de pulsations regroupés en un module. 
C.- Sonogramme et oscillogramme détaillés d’une partie de 0.3 seconde de B montrant les groupes de 
pulsations isolés et leur nombre au sein d’un module. 
34
Figure 29. Répartition à l’échelle des départements de 
T. pygmea
La répartition de cette cigale en France est livrée par la Figure 29. Cette espèce est présente dans le 
tiers  sud  du  territoire  national,  principalement  en  plaine,  dans  l’étage  de  végétation  méditerranéen  sub-
humide tempéré (SH3) et sub-méditerranéen tempéré (SX3). 
35
DISCUSSION 
C
ette  étude  vient  compléter  les  premiers  résultats  scientifiques  publiés  sur  le  massif  du  Bois  de 
Païolive  (Puissant  &  Sueur,  2010)  lors  de  la  découverte  de 
D.  dimissa
.  Elle  permet  d’augmenter  les 
connaissances  portant  sur  la  répartition  des  espèces  pour  une  aire  géographique  qui  ne  fut  guère 
prospectée jusqu’alors pour les cigales. 
Le nombre d’espèces de cigales présentes au sein du périmètre d’étude est établi à six espèces au 
total. Des prospections futures seraient à mener dans les zones du Massif qui ne furent pas échantillonnées, 
notamment  sur  les  communes  du  nord  –  nord-est  et  du  sud  –  sud-est  de  Païolive :  Beaulieu,  Joyeuse, 
Laurac-en-Vivarais, Rosières, Saint-André-de-Cruzières, Saint-Brès et Saint-Sauveur-de-Cruzières. 
Afin  d’augmenter  la  probabilité  de  trouver  une  nouvelle  espèce,  il  serait  intéressant  de  prospecter 
durant  la  première  quinzaine  de  juillet  pour  savoir  si,  éventuellement,  une  espèce  d’apparition  parfois  plus 
tardive  en  saison  puisse  être  présente  sur  Païolive.  Ainsi  et  bien  qu’elle  ne  soit  pas  encore  connue  du 
département de l’Ardèche, 
Tibicina quadrisignata
- (Hagen, 1855) serait à rechercher activement, notamment 
dans les zones géographiques où 
T. haematodes
- serait absente. Excepté ce taxon et pour l’étage SH3, il est 
peu  probable  de  trouver  une  autre  cigale  du  genre 
Tibicina
- car  les  espèces  de  ce  genre  ne  se  rencontrent 
jamais   ensemble   dans   un   même   milieu   au   même   moment,   nombre   d’espèces   étant   également 
parapatriques : Sueur & Puissant (2002). 
Concernant les autres espèces de cigales connues de France, l’absence de 
Tettigettalna argentata
(Olivier,  1790)  est  pour  le  moins  surprenante  et  aucune  raison  biotique  ou  abiotique  ne  permet  de  tenter 
d’expliquer  cette  constatation.  La  nature  du  sol  calcaire  et  le  fait  que  la  roche  affleure  le  plus  souvent  sont 
des   paramètres   non   limitatifs, 
T.   argentata
- présentant   ailleurs   en   France   dans   ce   type   de   milieu 
d’importantes populations comme c’est le cas dans le nord du département des Pyrénées-Orientales (66) et 
dans le département de l’Aude (11). De même, cette cigale est tout à fait capable de se maintenir en nombre 
dans des milieux forestiers (Puissant, 2006), étant par ailleurs une espèce euryèce. De même, l’absence de 
Cicadetta brevipennis
- Fieber, 1876, serait à confirmer, cette cigale pouvant tout à fait se reproduire dans les 
milieux présents dans le périmètre d’étude. 
L’intérêt  majeur  du  Bois  de  Païolive  pour  les  cigales  réside  dans  le  fait  que  le  Massif  abrite  de 
nombreuses populations de 
D. dimissa
, dernière espèce de cigale découverte en France à ce jour. Depuis la 
parution  de  la carte  de répartition  de  l’espèce publiée par Puissant  &  Sueur (2010 : p.520), cette cigale  est 
maintenant également connue d’Italie (T. Hertach com. pers.). Il n’en reste pas moins que les populations de 
D. dimissa
- du Bois de Païolive sont de loin les plus occidentales connues et marquent donc actuellement la 
limite d’aire de l’espèce à l’Ouest. A ce titre, elle mérite toutes les attentions pour sa préservation. 
Cette  étude  permit  également  de  préciser  sa  répartition  au  sein  du  Massif  tout  en  améliorant  les 
connaissances  sur  son  écologie.  C’est  au  cœur  du  Massif  et  pour  les  stations  1  et  2  que  ses  populations 
sont les plus importantes. Cette évaluation fut possible à l’aide de l’important nombre d’exuvies trouvées au 
mètre carré, ce que ne laissait pas présager le nombre de mâle émetteurs. Par ailleurs, sa ponte est décrite 
et  son  comportement  adopté  lors  de  l’oviposition  la  rapproche  indubitablement  de  celui  de 
T.  pygmea
.  De 
nombreuses  zones  d’ombre  perdurent  néanmoins  concernant  l’écologie  de  cette  espèce,  notamment  à 
propos de son cycle de vie sous terre, des interrelations entre mâles émetteurs et entre mâles et femelles. 
36
Pour conclure, la présence de 
D. dimissa
- porte à vingt le nombre de taxons connus sur le territoire 
national, à savoir et par ordre systématique : 
1) 
Lyristes plebejus
2) 
Cicada orni
3) 
Cicadatra atra
4) 
Tibicina haematodes
5) 
Tibicina tomentosa
6) 
Tibicina steveni
7) 
Tibicina corsica
corsica
8) 
Tibicina corsica
faimairei
9) 
Tibicina quadrisignata
10) 
Tibicina nigronervosa
11) 
Tibicina garricola
12) 
Cicadetta montana
13) 
Cicadetta brevipennis
14) 
Cicadetta fangoana
15) 
Cicadetta cerdaniensis
- Puissant & Boulard, 2000 ; 
16) 
Cicadetta cantilatrix
17) 
Cicadivetta tibialis
18) 
Dimissalna dimissa
19) 
Tettigettalna argentata
20) 
Tettigettula pygmea
37
© S. Puissant
38
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1
Résumé -
Les Cigales du Bois de Païolive (Ardèche).
Liste des espèces et données éco-éthologique
s.
Cinquante trois stations ont été échantillonnées sur le massif du Bois de Païolive (Ardèche,
France) sur une période de prospections de six jours menées en juin 2012. Six espèces de cigales
furent relevées au sein du périmètre d’étude. Une espèce, Dimissalna dimissa (Hagen, 1856), est
patrimonialement intéressante, étant en limite d’aire occidentale de répartition. Pour chaque
espèce de cigale, une cartographie de leur répartition est livrée pour le Massif ainsi qu’une
représentation graphique spécifique caractérisant leurs émissions sonores. Des traits d’écologie
et de comportement sont donnés et replacés dans le contexte bibliographique portant sur la
connaissance de chaque espèce.
Citation conseillée  : 
Puissant S. 2012. 
Les Cigales du Bois de Païolive (Ardèche). Liste des espèces et données éco-éthologiques
. Rapport WWF,
Marseille, 
40
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