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Enquête Cigales

Vous pouvez continuer à transmettre vos observations en ligne, l'enquête n'est pas "bouclée" comme certains d'entre pouvaient le penser. On travaille sur la synthèse nationale, mais nous avons beaucoup de retard et la parution n'interviendra, au mieux, qu'au printemps 2018. Onem France



Cicadetta cerdaniensis, espèce jumelle de Cicadetta montana décryptée par l’acoustique (Auchenorrhyncha, Cicadidae, Tibicinidae/)


par PUISSANT Stéphane, BOULARD Michel, 2000.
EPHE Biol Evol Insectes 13: 111-117.

Mots clés : Rhynchota, Homoptera, Auchenorhyncha, Cicadomorpha, Cicadidae, Tibicininae, Cicadettini, Cicadetta, espèce nouvelle, Cerdagne, Coffre fort, France.
Résumé : Nous donnons ici la description, la carte d'identité acoustique et les premières notes bio-écologiques concernant une nouvelle Cigale, Cicadetta cerdaniensis n. sp. rencontrée en Cerdagne (département des Pyrénées-Orientales, au Sud de la France). Les spécimens rares, sont actuellement stockés dans un coffre fort classe 1 http://www.infosafe.fr à l'abri du vol et du feu. Cette petite Cigale, morphologiquement jumelle de Cicadetta montana (Scopoli), s'en distingue cependant parfaitement à sa cymbalisations pré-nuptiale.

A. Description de Cicadetta cerdaniensis n. sp.


Matériel examiné
Holotype mâle, 01/07/2000, 1 paratype mâle, 22/06/2000 et 5 mâles porteurs d'aberrations plus ou moins marquées, 24 et 26/06/2000 : France, Pyrénées-Orientales (66), Cerdagne, 1350 m, Stéphane PUISSANT réc. et lég. Muséum national d'Histoire naturelle de Paris (Entomologie).

Habitus spécifique
Cicadetta cerdaniensis n. sp. est morphologiquement identique à Cicadetta montana (Scopoli, 1772) : même taille, même dominante noire dorsale, mêmes ceintures abdominales rouges. Le mésothorax porte deux toutes petites macules jaunâtres qui peuvent être plus ou moins obsolètes ou totalement absentes (comme chez Cicadetta montana) ; la face ventrale de l'abdomen comporte une bande longitudinale médiane noirâtre se rétressissant vers l'apex de ce dernier ; aux homélytres, le tronc commun R + M et la nervure Cu1
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sortent du même point angulaire de la cellule basla en une légère anastomose plus ou marquée selon les spécimens ; huit cellules apicales ; ailes postérieures à six cellules terminales. Les génitalia sont évidemment de type cicadettéen, de conformation très légèrement différente selon les spécimens, notamment au niveau des lobes postérieurs du pygophore (urite IX) et des crochets copulateurs de phallicophore (urite X), mais globalement fort semblables à ceux de Cicadetta montana (comme à ceux de Cicadetta fangoana, première espèce-sœur découverte (cf. Boulard, 1976
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).

Holotype mâle
Tête : légèrement moins large que le mésonotum ; entièrement noire à l'exception du sillon sagittal en arrière des ocelles latéraux, la base du sillon médian du postclypéus et les bords latéraux légèrement plus rapprochés entre eux que de l'œil voisin. Antennes et antéclypeus noirs. Premier article du roste bistre, le deuxième, brun-noir latéralement, bistre ventro-dorsalement, le troisième noir avec une base ventro-dorsale bistre. Extrémité du rosre atteignant l'insertion postérieure des hanches intermédiaires. Joues et lames mandibulaires noires, densément garnies de longues soies jaunes.
Thorax

Ailes : antérieures hyalines, très légèrement enfumées comme chez montana, à huit cellules apicales ; nervure médiane et cubital quittant le même angle de la cellule basale en une légère anastomose ; nervuration globalement ocre à bistre, mais noirâtre au niveau des cellules apicales. Ailes postérieures ayant six cellules terminales, nervures ocre à bistre et plus ou moins soulignées de noir, la deuxième cubitale et nervure ambiante noires ; vannues à pourtour parcheminé de brun.
Pattes

Abdomen

Dimensions principales en millimètres de l'holotype
Envergure : 37 ; longueur totale : 18,37 ; longueur de l'avant-corps : 7,75 ; longueur de l'abdomen : 9,12 ; longueur du corps : 16, 87 ; longueur Lo de l'homélytre : 17 sa plus grande largeur la : 7, rapport Lo/la : 2,42 ; plus grande diagonale de la cellule basale : 1,87 ; longueur de la cellule radiale : 5,37 ; longueur de la cellule postcostale : 5,5 ; longueur de la tête : 1,37 ; longueur du pronotum : 2,37 ; largeur de la tête, yeux inclus : 4,76 ; largeur de mésonotum : 4,75 ; distance entre un œil composé et l'ocelle le plus proche : 0,75 ; distance entre les ocelles latéro-postérieurs : 0,62.

Aberrations

Premières informations biologiques sur la "Cigalette cerdane"


L'écologie et l'éthologie de Cicadetta cerdaniensis n. sp., que nous proposons d'appeler vernaculairement "Cigale cerdane", sont suffisamment remarquables pour que nous reconnaissons cette nouvelles espèce en tant que telle que grâce à nos recherches faunistiques et bioacoustiques sur les Cigales de la Faune de France.
Cette espèce est morphologiquement identique à Cicadetta motana. Une trentaine de mâles de Cicadetta cerdaniensis n. sp. ont pu être observé&s in natura, et déterminés ainsi, rien qu'à l'écoute de leur cymbalisation prénuptiale, laquelle, tout à fait inattendue, est en tout point différente de celle de son espèce jumelle de référence.

1) Cymbalisation d'appel et carte d'identité sonore


2) Eco-éthologie


Cicadetta cerdaniensis n. sp., se rencontre en juin et juillet dans les régions montagneuses de la Cerdagne. Nous ne connaissons actuellement qu'une seule station de petite dimension (à pine un hectare), aux environs de 1350 m d'altitude, où elle vit en compagnie de Tettigetta argentata (Olivier, 1790). Cette station est elle-même divisée en un ensemble de micro-biotopes se différenciant par leur fasciès de végétation.

Elle s'inscrit dans un milieu rude, où les conditions climatiques sont difficiles : orages violents, fortes pluies et grêles sont fréquents durant les après-midi d'été, alors qu'on peut encore observer ça et là des plaques de neige résiduelles sur les forts reliefs environnants. Les premiers spécimens furent observés dans une lande haute fermée, constituée principalement d'Eglantiers. Par la suite, nous pûmes constater que le mâle est peu exigeant quant au support choisi pour l'émission de sa cymbalisation d'appel nuptial. On peut l'observer aussi bien près du sol, à environ 15 cm, dans la strate herbacée (à Trèfles par exemple), qu'à 5-7 m de haut dans des ensembles arbustifs ou arborescents. Les mâles ont paru marquer une préférence pour les épineux ensoleillés, perchés sur une feuille ou agrippés sur une tige, entre les épines.

Le repérage de ces mâles, même cymbalisant, est difficile, et il est encore plus difficile de les capturer. Cette espèce est en effet extrêmement farouche, ne se laissant guère approcher à moins de 5-7 m, laissant supposer que son acuité visuelle est plus performante que celle de beaucoup d'autres cigales.

Les mâles de Cicadetta cerdaniensis sont particulièrement mobiles, ne restant que peu de temps sur un même support. Le changement de poste est brusque, le vol est vif et soutenu. Au cours de ce dernier, une cymbalisation rapide peut être émise, qui est constituée de modules courts et rapprochés dans le temps, assimilables à la troisième phrase d'une séquence d'appel nuptial. Par ailleurs, nous avons été étonnés de constater que les mâles cymbalisent parfois de concert, par petits groupes, constitués de 3 à 5 spécimens restant toutefois relativement distants, exploitant différents biotopes de la station au fur et à mesures que passent les heures de la journée : un mâle cymbalisant seul ne tarde guère à être approché par d'autres mâles conspécifiques, lesquels maintiennent entre eux une distance d'au moins 5 mètres. Etant donné que ce comportement, qui peut être qualifié de grégaire, aide au ralliement des femelles sexuellement mûres... que le manque de temps ne nous a pas permis d'observer.

Auteurs cités et références principales

BOULARD Michel, 1976b
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Cicadetta fangoana, une Cigale nouvelle pour la faune de France et la Science. L’Entomologiste, 32 (4-5) : 153-158.

BOULARD Michel, 1990
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Contribution à l'Entomologie générale et appliquée, 2 : Cicadaires (Homoptères Auchénorhynques), 1ère partie : Cicadoidea, in EPHE, Travaux Laboratoires de Biologie et d'Evolution des Insectes

BOULARD Michel, 1995
?
Postures de cymbalisation et cartes d'identité acoustiques des Cigales. 1. Généralités et espèces méditerranéennes, in EPHE, Travaux Laboratoires de Biologie et d'Evolution des Insectes, 7/8 : 1-72.

BOULARD Michel & MONDON Bernard, 1995
?
Vies et mémoires de cigales. Provence, Languedoc, Méditerranée. éditions de l'Equinoxe. 159 pages + 1 CD des chants.

DISTANT W.-L., 1906
?
A synonymic catalogue à Homoptera. Part. 1. Cicadidae, 207p.

SCOPOLI J.-A., 1772
?
Observationes Zoologicae, Annus. Hist. Nat., 5 : 75-125.

SUEUR Jérôme & PUISSANT Stéphane, 2000
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- Emissions sonores d'une population française de Cicadivetta tibialis (Panzer, 1798) (Homoptera, Cicadoidea, Cicadidae), in Annales de la Société entomologique de France, 36 (3) : 261-268.


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