image
Enquête Cigales

Vous pouvez continuer à transmettre vos observations en ligne, l'enquête n'est pas "bouclée" comme certains d'entre pouvaient le penser. On travaille sur la synthèse nationale, mais nous avons beaucoup de retard et la parution n'interviendra, au mieux, qu'au printemps 2018. Onem France



Après 17 ans d'attente, des milliards de cigales déferlent sur l'Amérique


Communiqué APF du 15 avril 2004

Elles sucent la racine des arbres et attendent le bon moment depuis 17 ans: les cigales doivent sortir de terre par milliards en mai prochain dans l'est des Etats-Unis, rendant la vie en plein air impossible pendant deux à trois semaines avant de disparaître, jusqu'en 2021. L'insecte aux ailes translucides (Cicadas en anglais), de la taille d'une crevette, sort de terre seulement pour se reproduire dans un tourbillon frénétique et un bourdonnement assourdissant. Une fois les oeufs fécondés, ils sont déposés dans la végétation par les femelles, débutant un nouveau cycle de 17 ans.

L'année 2004 sera exceptionnelle en raison de l'arrivée à maturité de la classe de reproduction n°10 de ces cigales, considérée comme la plus nombreuse par les experts des cigales, dont le biologiste Gene Kritsky, de l'université Mount Saint Joseph à Cincinnati (Ohio). "Les classes de cigales ont commencé à être numérotées en 1893 par le Département américain de l'Agriculture", explique-t-il. La classe 10, identifiée en 1902, est d'une densité exceptionnelle, car elle comprend trois espèces de cigales : Magicicada septendecim, Magicicada cassini et Magicicada septendecula.

"Les Cicadas ne piquent pas, elles n'attaquent pas les gens", a pour sa part assuré Keith Clay, un expert de ces insectes qui vient de décrocher un financement de 300.000 dollars de l'Académie des sciences pour étudier leur cycle de vie. Leur présence, qui contribue à l'aération des sols, est un signe de bonne santé de l'environnement soulignent les spécialistes qui ne savent pas encore comment ces insectes comptent les années. "Elle ne sont plus très actives quand le soleil se couche, l'énorme bruit que nous entendrons durant la journée devrait s'atténuer, permettant aux gens de dormir", a poursuivi M. Clay, de l'université de l'Indiana à Bloomington. Vers la fin mai, le signal de sortie sera donné par la température du sol: environ 17 degrés Celsius et une petite pluie pour ramollir le sol et faciliter l'extraction. Le nombre d'insectes pourrait se chiffrer en centaines de milliards pour le seul Etat de l'Indiana, estime M. Clay. Plusieurs dizaines de milliers de cigales peuvent parfois quitter le sol au pied d'un seul arbre.
La densité de cigales devrait être la plus forte dans l'Indiana, le Kentucky et l'Ohio, mais les insectes seront aussi présents dans l'Illinois, le Michigan, le Tennessee, le New Jersey, le Missouri, la Géorgie, New York, la Pennsylvanie et la région comprise entre
Washington et Baltimore.

La végétation devrait sortir largement indemne du passage de cette nuée, une grande partie des insectes ne se nourrissant pas durant leur séjour à la surface mais consacrant tout leur temps à la reproduction. Le professeur Clay prévoit "quelques dégâts aux récoltes, particulièrement dans les vergers, mais nous n'attendons pas de désastre". Cependant, "les gens qui viennent de dépenser plusieurs milliers de dollars dans leur jardin feraient bien de recouvrir les plantes d'un filet" pendant la sortie des cigales, conseille-t-il. Les dégâts à la végétation sont causés par un appendice coupant comme un rasoir, l'aviposeur, situé à l'extrémité de l'abdomen de la cigale, qui permet aux femelles de fendre les branches et brindilles pour y insérer les oeufs fécondés. La dépose débutera en juin, peu de temps avant la mort des cigales arrivées au terme de leur vie. Les oeufs, de la taille de grains de riz, éclosent après environ quatre semaines. La larve se laisse alors tomber sur le sol et creuse la terre à l'aide de ses pattes avant, pour s'y enfoncer, à la recherche de racines.