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Atlas Chiroptères du Midi méditerranéen
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Murin à moustaches Myotis mystacinus


Introduction

Il s'agit là de notre plus petit Myotis avec le Murin d'Alcathoe, très proche. Cette taille, en plus de la teinte de la peau, très sombre, le fait quelque peu ressembler aux Pipistrelles. Il s'en distigue par des oreilles plus longues, des tragus pointus (ronds chez les Pipistrelles) et un museau plus anguleux.
La France accueille une autre espèce très proche de celle-ci : le Murin de Brandt, jusqu'à présent non cité en Languedoc-Roussillon, mais présente en PACA notamment dans le Dévoluy (cf. répartition).
Et il s'avère qu'en consultant les ouvrages traitant des chiroptères du monde et plus particulièrement d'Europe centrale, un certain nombre d'autres espèces apparaissent, appartenant à un "groupe mystacinus" présentant un polymorphisme troublant.
En plus de ces trois espèces citées et clairement identifiées dans la faune de France (mystacinus, alcathoe et brandti), la bibliographie effectuée en indique deux autres dans ce groupe : VAN DEN BRINCK cite Myotis ikonnikovi, petite (avant-bras inférieur à 32 mm) à oreille et au tragus plus courts et plus clair de peau que chez le type mystacinus; de la région de Sofia en Bulgarie, des Carpathes ruthènes, et de Grèce, ajoute O. VON HELVERSEN. Ce dernier, dans son article (Myotis 27; 1989), fait mention du Myotis przewalskii, très proche du mystacinus, du sud de la Yougoslavie et de Grèce, pouvant n'être qu'un morphotype ou une sous espèce de celle-ci.
S'il nous semble utile de rappeler ces éléments de bibliographie, c'est qu'ils ont été recherchés à la suite d'observations d'animaux capturés dans la région de Florac, et de Dourbies, particulièrement petits, à oreilles et tragus courts, à museau plus ramassé et à peau plus claire que le type, leur donnant une physionomie générale entre une Pipistrelle commune claire et un tout petit Murin de Daubenton. A l'époque, l'existance de Myotis alcathoe n'était pas connue en France, et il est possible sans allé chercher d'autres petits Myotis orientaux que l'on avait affaire à des alcathoe.
En l'état actuel des connaissances, il est donc encore trop tôt pour affirmer la validité du statut de ces myotis "bizarres", d'une part, et la présence, d'autre part, du Murin d'Ikonnikov dans notre région, mais il nous semble qu'il y a là une piste sérieuse, à infirmer ou confirmer, en tout cas utile à mentionner dans le cadre du présent document.

Les émissions ultrasonores sont de type FM abrupte à large bande, avec une amorce explosive moyenne à haute fréquence très régulière. Mais loin de tout obstacle, ce Murin ne marque plus de pic d'énergie net contrairement au Murin d'alcathoe qui lui ne fait pratiquement que de l'amorce explosive et de fréquence terminale élevée (>40 khz). Alors que le mystacinus a plutôt une fréquence terminale < 40 khz et même < 35 khz. Enfin en phase finale d'approche, il passe au claquement final moyenne fréquence, ce qui le distingue du groupe emarginatus.


Répartition géographique

Déjà en 1844, CRESPON ne le cite, pour la région Languedoc, que d'un spécimen provenant du Vigan. A. HUGUES ne donne qu'une mention, près de Seyne, et GERVAIS l'indique "en grand nombre à la grotte de la Madeleine". Les données recueillies semblent indiquer un caractère à tendance plutôt montagnarde, évitant l'ambiance méditerranéenne en particulier les zones de garrigues. Une donnée camarguaise issue d'ossements récupérés dans une pelote de réjection est à prendre avec précaution, mais peut suggérer que le Murin à moustaches descende le long de couloir de ripisylve du Rhône.


Habitat et écologie
Dans notre région, le Murin à moustaches semble lié aux paysages forestiers assez dense; sans que sa capture ne soit courante, il arrive assez souvent de l'attrapper dans des filets tendus en travers d'une ripisylve formant une galerie, ou sur les bords d'une rivière un peu large et dont les rives sont occuppées par des arbres au port retombant, ou encore sur les chemins forestiers.
Les deux premiers sont à la fois des milieux de chasse et des couloirs de déplacements; le dernier semble être utilisé essentiellement comme milieu de transit; il semble alors adopter un vol rasant et zigzagant. Il est aussi capable de chasser dans les frondaisons des arbres, entre 5 et 10 m de haut, d'un vol lent et tournoyant.
La bibliographie, essentiellement issue d'observations plus septentrionales, le donne comme une espèce à tendance nettement anthropophile, en période de reproduction. A vérifier chez nous.
C'est un gros mangeurs de diptères (dans 86% des crottes); le second groupe étant représenté par les araignées (26%), indiquant là son aptitude à capturer des proies sur leur supports; petits papillons, éphémères, agrions et autres petites proies peuvent aussi être au menu.

Avenir de l'espèce

Les connaissances que nous possédons sur cette espèce sont encore trop sommaires pour avancer des mesures de protection précises, d'autant que les observations ne semblent pas indiquer de baisse des effectifs par rapport aux données anciennes.
Compte tenu de ce qui a été dit, nous retiendrons donc un principe général de dérangement minimum dans les cavités où plusieurs animaux hibernent et une utilisation parcimonieuse des produits de traitement de charpente.
Outre ces prescriptions, le travail à poursuivre porte, d'une part, sur une observation fine des individus de cette espèce pour faire le point sur l'éventualité de la présence en sympatrie du Murin d'Alcathoe.



Texte : Jean Séon, Thierry Disca

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