Murin à oreilles échancrées Myotis emarginatus
Introduction
Le Murin à oreilles échancrées est une chauve-souris assez discrète dans notre région, comparée à d'autres (région du Centre-Ouest de la France). Pourtant, elle est probablement plus commune qu'il n'y parait pour peu quel'on prospecte les bâtiments et les abords de nos rivières.
C'est un des Myotis les plus facile à identifier : échancrure aux 2/3 du bord externe du pavillon, le tragus effilé atteignant presque le niveau de l’échancrure. Son pelage est épais et laineux, gris-brun ou gris fumé, plus ou moins teinté de roux sur le dos, blanc-jaunâtre sur le ventre.
La nuance peu marquée entre les faces dorsale et ventrale est caractéristique de l’espèce. Le guano de cette espèce, en dépôt important, est caractérisé par son aspect de galette agglomérée, recouverte de débris végétaux ou de toiles d'araignée qui tombent du pelage de l’animal lors de l’épouillage au gîte.
Répartition géographique
L’espèce est présente du Maghreb jusqu’au sud de la Hollande. Vers l’est, sa limite de répartition s’arrête à une ligne qui va du sud de la Pologne et à la limite sud de la Turquie.
Connue dans toutes les régions de France, Corse comprise, l’espèce est presque partout présente. C'est même une des espèces les plus communes dans certaines régions du centre de la France. Loin de là en Languedoc-Roussillon ! Le Murin à oreilles échancrées est finalement peu rencontré, du fait d'une prospection mal adaptée et peu ciblée sur les espèces gîtant en bâti. Toutefois malgré le manque de données, on peut penser que l'espèce se cantonne aux abords de nos rivières puisque la plupart des citations (captures ou colonies) proviennent des abords immédiats de la Têt, de l'Aude, de l'Orb, de l'Hérault ou du Gardon. C'est peut être son caractère médio-européen qui induit cette répartition à proximité des ripisylves. Le Murin à oreilles échancrées est d'ailleurs très rare dans les zones des Garrigues Montpelliéraines (très bien prospectée) ce qui tend à montrer qu'il s'adapte mal aux secteurs strictement méditerranéens et arides (du moins en été).
Habitats
Le Murin à oreilles échancrées fréquente préférentiellement les zones de faible altitude (il ne dépasse pas 1000 m en Lozère). Il s’installe près des vallées alluviales en zone méditerranéenne ou des massifs forestiers, principalement avec des feuillus entrecoupés de zones humides dans les secteurs plus atlantiques (Montagne Noire, Lozère). Il est présent aussi dans des milieux péri-urbains comme à Narbonne, à la faveur d'un réseau de canaux, et d'un petit parcellaire diversifié et "bocager".
Ses terrains de chasse sont relativement diversifiés : forêts (lisières et intérieurs des massifs), principalement de feuillus mais aussi de résineux, bocage, petits villages et ripisylves. Il chasse probablement aussi au-dessus des rivières. En Lozère et sur les piémonts montagneux où l'élevage est bien présent, les cours de fermes, granges, étables ou autre bâtiments sont régulièrement exploités. Les gîtes d’hibernation sont probablement des cavités naturelles (grottes) ou artificielles (galeries et puits de mines), mais l'espèce y est curieusement peu visible alors que c'est un Myotis qui a l'habitude (ou du moins la réputation) de ne pas trop s'enfoncer dans les fissures. Néanmoins pour plus de 3000 individus reproducteurs chez nous, on ne connait que quelques dizaines d'individus hivernants !!!!
Les gîtes de reproduction sont variés en été. Une des spécificités de l’espèce est qu’elle est peu lucifuge. En estivage, des individus isolés, principalement des mâles se fixent sous les chevrons des maisons modernes ou derrières des volets ou des planches, parfois en pleine lumière. Les colonies de mise bas acceptent également une lumière faible dans leur gîte et s'installent généralement dans des sites épigés comme les combles chauds, les granges ou même dans les caveaux des cimetières (1 cas dans l'Hérault) ou dans de petites grottes à quelques mètres de l'entrée (1 cas dans l'Aude).
(Texte Vincent Rufray)
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carte Murin à oreilles échancrées