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MyoNat à 2009-08-28 19:51:37.
Murin de Natterer Myotis nattereri
Introduction
A l’observation directe, même dans une fissure profonde de grotte, le Murin de Natterer frappe toujours par le contraste très blanc de son pelage ventral. En main, ses fins et longs tragus terminés en pointe, la frange de poils courbes qui borde l’uropatagium autour de la queue sont au moins deux critères qui permettent de le distinguer sans hésitation des autres Myotis. De plus, ce Murin très placide lors des manipulations, émet souvent lors de sa capture un bourdonnement sourd caractéristique. Enfin c’est un Murin qui ne craint pas l’altitude et c’est une des rares espèces de chauve-souris qui se manifeste encore les soirées fraîches voire froides de fin d’automne...
Répartition géographique
Largement répandu sur toute l’Europe occidentale, le Murin de Natterer ne semble éviter en France que le littoral du Pas-de-Calais et le littoral méditerranéen. La Répartition sur le Languedoc-Roussillon confirme sa grande rareté sur les plaines littorales et la côte. Il est présent en garrigues dans les zones karstiques et boisées et il devient courant voir commun dans les secteurs montagnards et atlantiques. Il monte fréquemment en altitude au moins jusqu’à 1200 m en Lozère et 2300 m dans les Pyrénées-Orientales. Dans ce dernier département, les populations de Murin de Natterer des massifs karstiques du Conflent et des mines des versants du Canigou ont été identifiées comme appartenant à une nouvelle espèce : le Murin d'Escalera (Evin & al., 2009). La répartition géographique exacte de deux espèces au sein de la région reste donc à confirmer.
Habitats
Le Murin de Natterer semble trouver son optimum écologique dans le paysage bocager plutôt collinéen voire montagnard, supportant toutefois une topographie accidentée, à condition qu’alternent en bon équilibre le milieu forestier et les espaces ouverts. En Lozère, il semble plus fréquent dans le bocage de la vallée du Lot, sur les secteurs plutôt boisés du causse et sur les contreforts de l’Aubrac ; par contre, il est plus rare sur les secteurs nus des causses ou en pleine forêt sur les pentes du mont Lozère ou des Cévennes. Dans les secteurs méditerranéens, il fréquente essentiellement les secteurs karstiques boisés. On le trouve très rarement sur le littoral à la faveur des grottes situées au sein de grands parcs arborés et centenaires (Mas des Caves, grotte de la Madeleine dans la région de Montpellier).
Compte-tenu de son mode de chasse, exploitant les insectes des frondaisons des arbres (BARATAUD, 1992), il est vraisemblable que les densités de ses populations soient directement conditionnées par le kilométrage de lisière arborée. Il fréquente communément les ripisylves et se fait facilement capturer sur les cours d’eau et en repos diurne estival, on découvre communément cette espèce sous les ponts ou dans les galeries de mines. A l’automne, le Murin de Natterer explore activement le milieu souterrain, largement utilisé en hiver, avec toutes ses fissures profondes et draperies, pour le sommeil léthargique. La capture parfois d’individus en sortie de grotte tout ocrés d’argile prouve que l’espèce ne craint pas de se glisser dans des fissures très humides. Des observations hivernales dans des galeries de mines inondées à saturation hygrométrique à plus de 1000 m d’altitude confirment la remarquable résistance de cette espèce au froid et à l’humidité, contrairement à l’idée qu’HAINARD donne de cette espèce qu’il qualifie de “frileuse” !
Phénologie
En Lozère, le Murin de Natterer sort d’hibernation dans le courant du mois d’avril ; trois individus étaient déjà très actifs le 3 avril 97 à 760 m d’altitude. Mais souvent les conditions météorologiques peu favorables du début du printemps ne permettent une véritable sortie d’hibernation qu’à la fin de ce mois. Curieusement, une seule colonie de mise-bas a été découverte dans une grotte du littoral alors qu'il est le plus rare. Sans doute de petites tailles et très disséminées dans des gîtes de types variés, les colonies de reproduction restent difficiles à découvrir. Des juvéniles tout juste volant ont été notés en Lozère au tout début du mois d’août.
Le Murin de Natterer sort après la tombée de la nuit et les captures au filet sur cours d’eau ont lieu en général assez tard dans la soirée lorsque les animaux viennent sans doute s’abreuver. Le Murin de Natterer reste actif jusque tard dans l’automne, période durant laquelle des poursuites d’individus et des accouplements ont été observés en entrée de grotte. Une activité fébrile règne alors le soir à l’entrée de certaines cavités, regroupant entre 50 et 100 individus en majorité des mâles.
Avenir de l'espèce
Le Murin de Natterer semble peu menacé sur la région Languedoc-Roussillon si ce n’est localement par l’abbattage de vieux arbres et par le nettoyage des ripisylves et l’aménagement des berges de cours d’eau. La fréquentation humaine, anarchique du milieu souterrain et le dérangement hivernal peuvent avoir un impact négatif, mais recherchant plutôt les fissures profondes, l’espèce est sans doute moins vulnérable que celles suspendues libres aux parois et très grégaires.
(Texte Rémi Destre et Vincent Rufray)
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carte Murin de Natterer