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MyoCap à 2008-03-03 13:53:57.
Murin de Capaccini Myotis capaccinii
Introduction
Le Murin de Capaccini est une espèce strictement méditerranéenne que l'on rencontre comme son cousin le Murin de Daubenton au bord des rivières.
Sa ressemblance avec ce dernier et la difficulté de le trouver au sein de colonies mixtes (Minioptère, Rhinolophe euryale et Petit Murin) rendent les prospections sur le Murin de Capaccini plutôt difficile mais néanmoins passionnante.
Les critères morphologiques diagnostics pour identifier l'espèce sont les suivants :
- les fémurs et les tibias, jusqu’aux pieds, sont couverts de poils drus gris clair ;
- le patagium alaire est inséré sur le tibia, distinctement au-dessus de la cheville ;
- l’uropatagium et les tibias sont abondamment velus sur les deux faces.
Le Murin de Capaccini est l’espèce européenne qui, proportionnellement au corps, possède les plus grands pieds, ceux-ci sont munis de longues griffes et de soies. Le pelage dorsal est gris cendré, clair et soyeux, plus foncé et nuancé de brun chez les jeunes. La couleur du pelage ventral va
du blanc pur au blanc jaunâtre.
Répartition géographique
Le Murin de Capaccini a une distribution méditerranéenne avec des extensions dans les plaines de Bulgarie et de Roumanie. Il est aussi présent au Moyen-Orient, de la Méditerranée jusqu’en Iran.
En France, l’espèce se rencontre, du niveau de la mer jusqu’à 600 m d’altitude, dans tous les départements du pourtour méditerranéen, du piémont alpin et de la basse vallée du Rhône. En Languedoc-Roussillon, l'espèce est présente sur la plupart des grands cours d'eau de la région du littoral au piémont des Cévennes et des Pyrénées. C'est l'Hérault qui semble accueilir les populations les plus importantes avec des colonies connues sur les 3 principaux fleuves du département (Hérault, Orb et Vidourle). Curieusement il n'est pas connu de population reproductrice sur le fleuve Aude.
Habitats
Le gîte du Murin de Capaccini est strictement cavernicole qu'il partage le plus souvent avec le Minioptère de Schreibers. Grottes, anciennes mines, tunnels et aqueduc sont utilisées par l'espèce dans la région. La plupart des gîtes se situe à proximité d’une surface d’eau libre, notamment en période estivale à l'exception d'une colonie catalane qui se situe à plus de 4 km du premier cours d'eau. Le Murin de Capaccini chasse principalement au-dessus des rivières, des étangs ou des lagunes où il peut parcourir plus de 70 km de linéaire en une seule nuit.
Selon MÉDARD et GUIBERT (1992), le Murin de Capaccini capture principalement des insectes de taille petite à moyenne (trichoptères, chironomidés et culicidés) liés aux milieux aquatiques. En Espagne l'espèce est connue pour chasser de petits poissons (AIHARTZA et al., 2003). Mais nous ne pouvons exclure que l’espèce chasse dans d’autres milieux comme des lisières forestières, des prairies ou des phragmitaies. A noter que certains individus de la colonie des Gorges du gardon, suivis en radiotracking en 2006, se sont nourris au dessus de bassins de décantation d'une distillerie !
KALKO (1990) a détaillé la technique de chasse de l’espèce qui capture ses proies à la surface d’eaux libres à l’aide de son uropatagium et de ses pattes.
Au cours des mois de décembre et janvier, les Murins de Capaccini ne se mêlent plus aux gros essaims de minioptères hibernant dans quelques cavités souterraines. En France, ils se tiennent isolés ou en petits essaims d’une vingtaine d’individus dans des cavités, fissures, tunnels, mines où il est pârfois actif tout l'hiver ! Mais, dans des régions de l’est de l’Europe, à hiver rigoureux, ils peuvent former de grands essaims monospécifiques allant jusqu’à 17 000 individus.
Phénologie
Le rythme d’activité annuel probable de l’espèce est le suivant :
- mars à début mai : Reprise des activités de chasse sur les rivières ou sur les lagunes littorales, installation dans les cavités de reproduction .
- mi-mai à fin juin : Activité de gestation et d’élevage des jeunes pour les femelles qui forment des essaims avec d’autres espèces cavernicoles. Les femelles laissent les jeunes dans le gîte lors de leurs sorties nocturnes. Les mâles sont dispersés dans d’autres sites ou forment des petits groupes mobiles au sein des colonies de mises-bas.
- juillet à octobre : dispersion de l’essaim de reproduction, en particulier des jeunes, sur les gîtes qui ponctuent le linéaire de rivière.
- novembre à février : accouplements et hibernation dans le cas où le climat l’impose (en général, l’hibernation est entrecoupée
de phases d’activité).
Avenir de l'espèce
La plupart des menaces a un lien direct avec les activités humaines :
- le dérangement dans les gîtes cavernicoles (de reproduction ou de transit), dont dépend le Murin de Capaccini, est généralement l’oeuvre d’individus (randonneurs curieux ou spéléologues) qui n’ont pas conscience des conséquences de leur passage.
- la détérioration généralisée des cours d’eaux et autres milieux aquatiques, lieux de chasse privilégiés de l’espèce, a probablement
une incidence non négligeable, que ce soient les pollutions en tout genre ou les aménagements hydrauliques pharaoniques pour lutter contre les inondations...
(Texte Vincent Rufray)