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Atlas Chiroptères du Midi méditerranéen
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Ceci est une version archivée de RhinolophusFerrumequinum à 2008-02-25 18:10:55.

Grand Rhinolophe Rhinolophus ferrumequinum


Introduction

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Outre les formations nasales, et la différence de taille qui le distingue aisément du petit Rhinolophe (mais la présence d'espèces intermédiaires comme l'euryale et le Méhély complique un peu la tâche...!), le grand Rhinolophe peut se déterminer par le fait qu'il ne s'enveloppe que partiellement dans ses ailes, en hiver. Alors que le petit s'y calfeutre de façon hermétique. L'euryale se drapant encore moins que le grand ( de plus, la face ventrale est souvent plus claire que celle de ses grands cousins).
La meilleure diagnose reste fournie par une mensuration d'avant-bras (supérieur à 54 mm) sans manipulation, quand l'animal est à portée, et par l'observation des formations nasales (partie supérieure de la selle arrondie).

On peut le reconnaitre aussi à la morsure...! il s'agit en effet d'une des espèces qui possède la dentition la plus impressionnante.
Comme tous les Rhinolophidés, on la capture assez rarement au filet, si ce n'est en entrée de cavité, où elle essaie de forcer le passage, jugeant sans doute l'obstacle un peu léger.
Plus que pour les autres espèces, il faut alors la déméler au plus vite; sa puissance et son "mauvais caractère" ont tôt fait de transformer la poche du filet en une pelote inextricable. Cela ne serait pas grave si la vie de l'animal n'était pas en jeu; en effet, malgré une placidité apparente lorsque l'on a l'animal en main, j'aurais tendance à la considérer, à l'instar des autres Rhinolophes, comme une espèce très stressable. C'est d'ailleurs au sein de cette espèce que j'ai eu l'unique cas de mortalité consécutive à une capture au filet, par arrêt cardiaque.

Les observations en gîtes divers sont par contre assez nombreuses; et le recours à un détecteur d'ultrasons permet souvent une diagnose assez facile de l'espèce puisqu'elle émet en fréquence quasi constante sur environ 80 kHz (max 77-84 kHz), les autres Rhinolophidés présents dans la région dépassant tous généralement les 100 kHz. Ses émissions n'étant perceptibles que jusqu'à une dizaine de mètres.

Statut phenologique

L'espèce est sédentaire, ne se déplaçant entre les sites hivernaux et estivaux que de quelques dizaines de kilomètres (Maximum observé : 180 km).
Les sites d'hivernage sont occupés dès le mois d'octobre, parfois en compagnie des essaims de Minioptères en passage; ce qui a fait dire à A. HUGUES, en 1913, que l'arrivée des grands Rhinolophes dans les cavités à Minioptères provoquait le départ de ces derniers, du fait de l'agressivité développés par les nouveaux arrivants. Il ne s'agit, en réalité, que d'une coïncidence de dates due à la complémentarité des exigences quant aux ambiances bioclimatiques de la cavité. En effet, le phénomène inverse se produit au printemps dans ces mêmes grottes; les premiers grands Rhinolophes sortent d'hibernation vers la fin février, début mars, selon la précocité du printemps, au moment des premières arrivées des Minioptères. Un mois plus tard, début avril, la plupart des Rhinolophes ont quitté les lieux.
Les arrivées dans les nurseries se font dans le courant mai pour atteindre son maximum vers le début juin. Les mises bas s'étalant entre la fin juin et la fin juillet (voire même le début août), la majeure partie intervenant un peu avant la mi-juillet.

Habitat et écologie

Compte tenu du nombre de contacts avec cette espèce, dans les cavités de notre région, nous avons longtemps considéré qu'elle présentait, chez nous, un caractère moins anthropophile que dans le nord de son aire de répartition. A l'expérience, cela ne nous semble plus aussi évident, en particulier quant au choix des gîtes de reproduction qui s'avèrent être très souvent des combles. Il semble qu'il faille attribuer cette fréquence de contacts aux faits que l'espèce est omniprésente sur la région, que les mâles utilisent des gîtes estivaux essentiellement troglophiles, sans pour autant que les nurseries y soient nombreuses.
D'autant que la bibliographie réalisée montre qu'une température supérieure à 24-25°C (jusqu'à 40-41°C) est nécessaire à une reproduction normale du grand Rhinolophe; l'association, assez classique, avec le Murin à oreilles échancrées ne se produisant que lorsque les températures du gîte atteignent les 30°C, avec un optimum vers 36-40°C.
Le volume des combles nécessaire à la reproduction du grand Rhinolophe est évidemment supérieur à celui des petits.

Dans les gîtes hivernaux, les conditions sont proches de celles du petit Rhinolophe, mais avec des écarts moindres : il supporte moins bien les situations de forte ventilation. En conséquence les températures sont très légèrement supérieures, plus proches de 11°C et surtout avec une hygrométrie plus régulièrement proche de la saturation, souvent supérieure à 95%.
Selon la richesse en proies des milieux environnants le gîte de repos diurne, et l'existence de gîtes "d'étape" nocturnes aptes à abriter les grands Rhinolophes, le rayon de chasse maximum varie entre 3 et 10 km.
Le grand Rhinolophe utilise, pour se déplacer les zones de plus grande obscurité (ombres des haies, lisières, ripisylves, bords de route ou de pistes), ne s'aventurant que rarement en plein découvert. Les terrains de chasse sont aussi bien des près que des friches et les forêts (claires), autant feuillues que résineuses sont très largement utilisées.
Il repère ses proies aussi bien en vol (cercles ou va-et-vient), prospectant alors des surfaces de l'ordre de l'hectare, que posté à l'affût (à 2-3 m de haut) ou en vol quasi stationnaire, techniques qui ne permettent l'inspection que de zones plus étroites.
S'il s'avère un gros consommateur de lépidoptères (les 3/4 de ses crottes en contenant des restes), trois autres ordres sont aussi, assez largement consommés (dans 25-30% des crottes pour chacun d'eux) : hyménoptères, diptères et coléoptères (plus particulièrement hannetons et bousiers). A noter aussi la présence des Trichoptères (Phryganes...) de façon non négligeable.

Avenir de l'espèce

Gravement en danger dans le nord de son aire de répartition, elle ne semble pas notablement régresser dans notre région, comme l'indiquent les comptages hivernaux effectués depuis quelques années dans le cadre du plan d'action national "chauves-souris". Mais il convient de rester très prudent dans ce genre d'appréciation, dans la mesure où nos connaissances restent encore très partielles. Si la plupart des cavités abritent, en hiver, quelques individus de cette espèce, facilement visibles, les gîtes de reproduction et d'hivernage abritant des colonies ne sont pas légion. L'effort doit porter d'abord sur la protection des sites d'hibernation, en collaboration avec les associations spéléologiques, puis sur celle des nurseries dans les bâtiments.

Cette protection passe par l'élimination de la mention de ces cavités sur les cartes IGN, par le détournement des sentiers qui y aboutissent, par une mise en tranquillité de ces sites, au besoin par des systèmes de grilles, assortie d'un statut officiel de protection (APB, RNV,Convention avec le propriétaire); et toujours en concertation avec l'ensemble des autres acteurs : propriétaires, collectivités, administrations et utilisateurs.

Actuellement, une colonie d'hivernage abritant une centaine d'individus est incluse dans une Réserve Naturelle Volontaire. Une autre devrait voir le jour prochainement.

Un autre aspect de la conservation de cette espèce provient de sa consommation régulière et assez abondante de géotrupes et autres bousiers qui sont eux-mêmes atteints par un certain nombre de traitements antiparasitaires des troupeaux, ce qui peut amener des concentrations de toxiques liposolubles (donc stockés dans les graisses d'hivernages, type Ivermectine) chez cette espèce...sans parler des autres traitements insecticides à base de lindane ou organochlorés.

(Texet : Jean Séon)
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