image

Atlas Chiroptères du Midi méditerranéen
porno izle

Oreillard gris Plecotus austriacus


Introduction

L'Oreillard gris est une espèce d'observation assez facile, du fait de sa tendance marquée à occuper les combles de bâtiments et de sa répartition plutôt uniforme et diffuse. De plus, ses oreilles généreuses, qui lui ont valu son nom, sont très visibles, même et surtout en vol, pour peu que la lumière soit encore suffisante. En fissure, ses vastes pavillons repliés derrière les avant-bras, ne laissant que les tragus visibles peuvent induire en erreur le chiroptérologue novice.
Je conserve deux souvenirs particulier de cette espèce.
Le premier concerne un mâle isolé que j'avais pris l'habitude d'observer dans une cave de maison abandonnée proche de mon domicile. Lors d'une de mes visites crépusculaires, j'ai constaté qu'il était déjà sorti de sa fissure de prédilection; prospectant, à la lampe-torche, une des caves, je découvris d'abord un paon de jour, accroché au sommet d'une voute, ailes repliées, immobile. Continuant de balayer les pierres du plafond, j'identifiai les deux oreilles de mon favori qui dépassaient d'un bloc en saillie. Ce coup de lumière le fit décoller. Je baissais donc la lampe vers le sol pour produire une lumière diffuse qui me permettrait de le suivre des yeux sans l'effrayer. Après quelques tours de caves, destinés, je suppose, à résorber la poussée d'adrénaline que je lui avais infligée, il entrepris une prospection systématique du plafond, à la manière des oiseaux mouches, dans un vol quasi stationnaire, suivant lentement la ligne de voute, à une quinzaine de centimètres de celle-ci.
Jusqu'à arriver à hauteur du papillon qui constitue pour lui un met de choix. je m'attendais donc à être le spectateur du repas de mon petit ami.
Mais tel ne fut pas le cas ! En effet, le paon, alerté par la présence d'un de ses ennemis jurés, ouvrit brusquement ses ailes, présentant ses quatre ocelles colorés, menaçantes, dans un claquement sec; mettant son prédateur dans un état de frayeur qui le fit faire un saut en arrière de plusieurs mètres et sortir précipitemment de la pièce...la queue basse probablement!
L'autre observation concerne une colonie de reproduction dans les combles d'un chateau, où je conduisais un petit groupe de personnes à la découverte des chauves-souris et plus particulièrement d'une colonie de petits Rhinolophes qui terminaient l'éducation de leur progéniture. Un de ces orages de la fin août s'était abattu, dans l'après midi, sur la toiture de lauzes de ce bâtiment situé en montagne. Etait-ce le refroidissement dû à cette ondée ou un autre facteur inconnu ? Toujours est-il que ce fut la seule fois où j'ai pu observer un essaim complet d'Oreillards, frileusement serrés les uns contre les autres, sur le côté d'une poutre. Une touffe de poils gris cendre d'où émergent quelques dizaines d'oreilles et d'avant-bras glabres, soyeux et sombres. Un bien beau spectacle !... certes court, car après quelques secondes d'observation, nous avons effectué une retraite silencieuse et discrète pour ne pas les déranger. Mais je garde cette image volée de l'intimité des Oreillards comme un des beaux moments de mes furetages dans les greniers.

Répartition géographique

A la différence de l'espèce précédente, nous ne nous situons pas en limite d'aire de répartition; si, par exemple en Cévennes, la limite de l'Oreillard roux correspond assez bien avec les limites des influences atlantiques, l'Oreillard gris est présent pratiquement partout. Et plus particulièrement dans les paysages plus ou moins fortement anthropisés. Il est très fréquent en garrigues et dans nos vastes vignobles et ce jusque sur le littoral méditerranéen.

Statut phénologique

Comme son cousin, il s'agit d'un sédentaire, se déplaçant généralement de moins de 20 km entre gîtes estivaux et hivernaux (max 62 km). Il est clairement reproducteur et hivernant dans notre région, vraisemblablement sur l'ensemble de la zone couverte, à quelques exceptions près.

Habitat et écologie

Les nurseries connues ne sont jamais très importantes : entre 10 et 15 femelles.
Ces colonies partagent assez souvent les même combles que le petit Rhinolophe, mais en utilisant des endroits un peu différents : fissures dans les poutres, au dessus des linteaux de porte, au dessus des faitières, ou simplement entre la volige et les éléments de couverture du toit.
Les mâles, isolés se glissent généralement en fissures, avec un choix éclectique : partie haute des voutes en pierres, ou dans les murs, écorce soulévée, draperies des grottes et même les lapiaz en garrigues.
La présence de cette espèce est toujours discrète; hormis les concentrations d'ailes de papillons (paon de jour, tortues) au dessous des perchoirs habituels car il a l'habitude d'enlever les ailes de ses plus grosses victimes avant d'en consommer le corps.
Il a l'habitude de chasser le long des haies et bosquets qu'il prospecte assez minutieusement. Le territoire d'une colonie a un rayon maximum de l'ordre de 1,4 km; dans ce périmètre, cinq ou six zones de chasse sont exploitées par nuit.
C'est un très gros consommateur de papillons, y compris des espèces diurnes qu'il capture lorsqu'elles sont au repos sur un support. Les diptères et les coléoptères, y compris d'assez grosses espèces comme les hannetons, sont les deux autres principaux ordres d'insectes consommés.

Avenir de l'espèce

En l'état actuel des connaissances, cette espèce ne semble pas particulièrement menacée, mais compte tenu de ses habitudes anthropophiles, on retiendra les mêmes précautions que pour le Petit Rhinolophe, à la différence près que l'espèce qui nous occupe ici n'utilise que peu les volumes des combles et se trouve plus liée à la charpente elle-même. Elle sera donc encore plus sensible aux produits de traitement des charpentes.

(Texte Jean Séon)

Retour: carte Oreillard gris