Oreillard roux Plecotus auritus
Introduction
La distinction entre les deux oreillards est longtemps restée très difficile. Si CRESPON, dès 1844, fait mention de la possibilité théorique de trouver deux variétés "l'une d'Egypte, l'autre, d'Autriche, plus grande que la notre", il faut attendre les années 1957/60 pour établir clairement l'existence des deux espèces différenciées et présentes toutes deux en Europe. Sur notre région, c'est KÖNIG, en 1961, qui identifie le premier la présence de
Plecotus austriacus. Au regard des connaissances actuelles, il y a pourtant fort à parier que l'écrasante majorité des données historiques régionales de
Plecotus auritus étaient en réalité à attribuer à
austriacus, comme l'attestent le travail de M.C. SAINT GIRONS sur les animaux détenus en collection (1964). Et il faut convenir que nombre de données récentes ne sont pas encore complètement exemptes de confusion.
Ces confusions risquent également de porter entre l'Oreillard roux et l'Oreillard montagnard (
Plecotus macrobullaris) également. En effet, les individus de
macrobullaris capturés dans les Pyrénées par les chiroptérologues espagnols semblent très roux par rapport aux individus alpins. Une attention particulière doit donc être portée sur les oreillards en altitude dans les Pyrénées-Orientales.
Répartition géographique
Il semble assez clair que nous nous situons en limite de répartition méridionale de cette espèce; ce qui explique que la majorité des contacts se situe plutôt en zone de montagne, subissant des influences climatiques atlantiques ou montagnardes, et à dominante forestière. L'espèce est à rechercher, avec une diagnose certaine, sur les zones forestières plus strictement méditerranéennes où nous la considérons comme très rare, voire absente.
Statut phénologique
Plusieurs observations de femelles allaitantes, dont une apparemment en pleine lactation, vers la mi-août, attestent de sa reproduction sur les zones où l'espèce est présente.
Les données d'hivernage manquent, mais il est probable qu'il s'y déroule aussi; compte tenu de sa résistance au froid et de l'absence généralisée d'observations de colonie d'hivernage en Europe. Les individus semblant hiverner isolément ou en groupe de 2 ou 3.
De plus la bibliographie le situe comme un sédentaire, ne se déplaçant que de quelques kilomètres entre gîtes hivernaux et estivaux (max 42 km).
Habitat et écologie
Chez nous, un des trait dominant de cette espèce est son caractère atlantique ou montagnard, encore plus que son affinité forestière relevée dans la bibliographie. Nous l'avons en effet capturée, à plusieurs reprises en plein causse, à environ 2 km du bois le plus proche, y compris des femelles allaitantes ! Il faut dire que les lavognes où nous avions posé nos filets sont les seuls points d'eau des environs.
Les autres observations confirment cette prédilection pour les zones forestières.
Cette espèce semble beaucoup chasser en prélevant ses proies sur leurs supports, branches, murs, au sol, ...etc, nettement plus que son cousin méridional, avec un choix de proies moins coriaces.
Son régime alimentaire est moins orienté vers les lépidoptères (dans 60% des crottes alors que cette proportion monte à 90% chez le gris) et les coléoptères que son homologue; et plus vers les diptères et dermaptères, pour qui elle constitue un prédateur presque spécialisé, en tout cas au sein des chiroptères (17% des crottes contiennent des restes de cet Ordre).
Avenir de l'espèce
Fréquentant nettement plus les massifs forestiers que son cousin et semblant utiliser assez fréquemment les arbres creux pour sa reproduction, qu'ils aient été percés par des Pics ou simplement le résultat d'une pourriture lièe à une branche cassée près du tronc,l'avenir de l'espèce, dans notre région comme ailleurs, passe donc par le maintien de ces arbres, jusqu'à présent souvent éliminés par les forestiers lors des coupes d'éclaircie, et, a fortiori, de récolte.
(Texte Jean Séon)
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carte Oreillard roux