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Atlas Chiroptères du Midi méditerranéen
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Pipistrelle pygmée ou soprane Pipistrellus pygmaeus


Introduction

Il s’agit d’une espèce récemment décrite et autrefois confondue avec la Pipistrelle commune qui lui ressemble beaucoup (JONES & BARRATT, 1999 et HAÜSSLER et al., 2000). Sur la base d’analyses acoustiques, génétiques et morphologiques, les différents auteurs s’accordent à élever ce taxon au rang d’espèce qu’il convient dorénavant de considérer comme tel.
C'est la plus petite de nos pipistrelles avec un avant-bras de 27,7mm à 32,3mm (28 à 34,5mm pour la commune). L'aspect général est plus clair que la Pipistrelle commune, avec un pelage moins sombre à la base et les parties nues de teinte rosées et non brun-noirâtre, surtout sur la face. Des parties dénudées pales sont également visibles autour des yeux et à la base des oreilles. Le museau est plus court et se rétrécit graduellement, montrant un intervalle plus étroit entre les narines que pour la Pipistrelle commune. Les parties génitales des mâles et des femelles sont généralement de teinte orangée. Au niveau des membranes alaires, on note entre le coude et le 5ème doigt, deux bandes musculaires transversales jointives et formant un "Y" (cf. PipPip pour comparaison).
Enfin sur le plan acoustique, la Pipistrelle pygmée émet des signaux sonars de structure type FM aplanie, avec un aplanissement bien marqué (Quasi Fréquence Constante = QFC) à 52-53 khz en milieu ouvert, ou peu fourni en proie, pour une durée de 5-6ms, un aplanissement plus ou moins court à 54-56 khz (d'où l'appellation pipi 55 khz) la plupart du temps, et des signaux FM aplanie très courts voire pratiquement FM abrupte en chasse active ou à l'approche d'obstacles, de 56 à 59 khz en fréquence terminale avec une durée < 4ms.

Répartition géographique

Sa distribution en Europe n'est pas encore bien connue. La Pipistrelle pygmée est pour l'instant présente en Grande Bretagne, du Sud de la Scandinavie au Sud de l'Espagne, et à l'Est de l'Italie à la Grèce et les pays d'Europe centrale également. En France, elle a été notée un peu partout, mais semble plus commune dans la partie Sud.
En Languedoc-Roussillon, les données recueillies jusqu'à présent tendent à montrer que la Pipistrelle pygmée est présente et commune sur l'ensemble du territoire, malgré le manque de données dans certaines régions, en particulier le long des grandes vallées. Elle est particulièrement abondante sur le pourtour du littoral, parfois plus que la Pipistrelle commune, en Camargue notamment. Toutefois, elle reste rare en Lozère où elle n'a été trouvée qu'à partir de 2005 au bord du Lot.


Habitats

La plupart des colonies ont été trouvées à la suite d'appels de particuliers (SOS chauves-souris) mécontents ou inquiétés d'avoir des chauves-souris en si grand nombre dans leur toiture. A part les maisons, des gîtes importants sont connus dans les fissures ou les joints de dilatation des ponts qui enjambent de grandes rivières. Les gîtes de reproduction sont donc très semblables à ceux de la Pipistrelle commune. Par contre, il semble qu'en moyenne les colonies de Pipistrelles pygmées soient plus grosses : 800 adultes par exemple dans une maison à Lattes (34), 700 adultes sous un pont de l'Hérault. Nous ne connaissons pas de véritables colonies mixtes avec d'autres espèces de pipistrelles. Parfois, à la faveur de grandes maisons, on trouve des associations kuhl/pygmée ou commune/pygmée, voire les trois espèces, mais dans tous les cas connus, chaque espèce se partage des parties distinctes de la maison.
Pour ses habitats de chasse, la Pipistrelle soprane semble assez liée aux milieux humides que ce soit des cours d’eau, des étangs, des marais ou des bassins de décantation qu'elle affectionne tout particulièrement. Elle est ainsi très commune sur le littoral en particulier autour des étangs montpelliérains où 40% des SOS chauves-souris sont attribuables à cette espèce. Elle remonte largement à l'intérieur des terres où elle exploite les ripisylves des grands cours d'eau méditerranéens (Tech, Têt, Aude, Orb, Hérault, Vidourle, Gardons) et parfois les milieux forestiers, en particulier à l'automne. Notons qu'en début de nuit seulement la Pipistrelle pygmée ne dédaigne pas exploiter les lampadaires des villages, mais disparaît dès l'arrivée des Pipistrelles de Kuhl !

Phénologie

Sur le littoral, la Pipistrelle pygmée est une des espèces les plus actives. En effet, grâce à la douceur du climat méditerranéen et à la persistance relative de proies même en plein hiver, l'espèce est visible quasiment toute l'année pour peu que le soleil brille, que le vent soit faible et que les débuts de nuit soient supérieurs à 10°C, ce qui est assez courant dans la région montpelliérraine ou dans la plaine du Roussillon. Dès le printemps, les mâles sont très actifs et sortent très tôt (parfois avant le coucher du soleil). Les colonies investissent les sites de reproduction en mai et les premières mises bas ont lieu classiquement de mi juin à fin juin. Les premiers jeunes volants apparaissent autour de la mi juillet et "essaiment", semble t-il, très rapidement. À ce sujet, on se souviendra avec émotion d'un SOS chauves-souris à Vendres (34) où une cinquantaine de jeunes pipistrelles avaient trouvé refuge dans une maison de vacances sous les couvertures du lit de la malheureuse propriétaire parisienne ! Puis dès le moit d'août et surtout en septembre, les mâles passent leur nuit à tourner dans les villages en lançant leur puissants mais très aigües (21 khz) cris sociaux.

Avenir de l'espèce

Étant donné son abondance, la disponibilité en gîtes sur le littoral (puisqu'elle s'accommode des constructions les plus modernes, notamment les pavillons), l'espèce n'est pas en danger en Languedoc-Roussillon.
Toutefois, le fait qu'elle chasse principalement en zones humides l'expose régulièrement aux traitements chimiques réalisés pour la démoustication. Nous ne connaissons pas les effets que peuvent avoir ses produits sur les chauves-souris (empoisonnement ?), mais cela réduit considérablement les ressources trophiques pour l'espèce. A ce propos, on notera que sur l'étang de l'Or (34), un des étangs les plus démoustiqués par l'EID (car en face de la Grande Motte), la Pipistrelle pygmée est bien moins abondante que sur toutes les autres lagunes !


Textes : Thierry Disca et Vincent Rufray