Pipistrelle de Kuhl Pipistrellus kuhlii
Introduction
La Pipistrelle de Kuhl est légèrement plus grosse que la Pipistrelle commune et ressemble plus à la Pipistrelle de Nathusius. Elle se différencie de cette dernière et de la Pipistrelle commune par la présence d'une seule pointe à la première incisive supérieure (monocuspide), les deux autres espèces en ayant deux (bicuspide). Le trait le plus remarquable à la Pipistrelle de Kuhl est la présence d’un liseré blanc bien net, de 1 à 2 mm d'épaisseur, sur le bord libre du plagiopatagium chez la grande majorité des individus. Le pelage dorsal est brun-roux et les parties nues (museau, oreilles, avant-bras) sont relativement sombres et tirent sur le "noirâtre".
L'allure du Vespère de Savi est également, de part sa morphologie et sa couleur, proche de la Pipistrelle de Kuhl , mais celle-ci possède des oreilles nettement plus arrondies, et un pelage plus long, brun avec des "flamèches" claires qui donne un effet "luisant".
Répartition géographique
La Pipistrelle de Kuhl est une espèce plutôt méridionale en Europe. Elle occupe essentiellement la moitié sud de la France, bien que remontant au Nord de Paris ainsi qu'en Normandie. Mais elle est surtout commune sur le pourtour méditerranéen.
En Languedoc-Roussillon, elle est présente sur l’ensemble des départements et apparaît comme très commune sur la zone dite des "garrigues", du littoral jusqu'aux contreforts des montagnes. Dans les paysages arides, elle semble même plus commune que la Pipistrelle commune. Sa répartition altitudinale apparaît moins élevée que pour la Pipistrelle commune bien que les observations à des altitudes supérieures à 1000 mètres ne soient pas rares. Elle est ainsi notée dans les Pyrénées-Orientales jusqu'à 1500 m et jusqu'à 1200 mètres en Lozère. Dans ce département, elle est présente dans l’Aubrac, la vallée de la Colagne, du Lot, du Tarn, de la Mimente, de l’Altier et sur les Grands Causses. Mais elle n’a pour le moment pas été contactée sur la Margeride sûrement par manque de prospection, mais peut-être aussi de milieux favorables à sa présence.
Statut phénologique
Sa reproduction a été attestée dans l’ensemble des départements excepté dans les Pyrénées-Orientales, sûrement par manque de prospection. Comme pour la Pipistrelle commune, les colonies de reproduction ont été découvertes dans les maisons, mais il semble que les fissures de mur et le derrière des volets ont sa préférence. Ainsi, les remparts d'Aigues-Mortes par exemple accueillent de nombreuses petites colonies dans les interstices dégradés des vielles pierres.
Les colonies connues sont généralement plus petites en taille que celles des Pipistrelle commune et pygmée, et peuvent compter une quarantaine d’individus. Pour hiberner elle occupe surtout les fissures de rocher, mais aussi parfois dans celles de bâtiments ou de ponts. Son activité est nulle tout l'hiver.
Habitats et écologie
Bien que se soit aussi une espèce assez anthropophile, elle affectionne les stations plus chaudes que la Pipistrelle commune. En garrigue, chênaie verte et pinède de Pin d'Alep, c'est ainsi la pipistrelle la plus contactée, si ce n'est pas souvent la seule, en compagnie du Vespère de Savi. Elle ne semble pas gênée par les milieux très ouverts y compris les vignes et les friches. Mais les zones de lisières sont utilisées préférentiellement. Les lampadaires des villes et villages sont également très fréquentés, pour ne pas dire systématiquement. On la trouve en chasse également au coeur des milieux ouverts des Grands Causses où les lavognes sont des points de passage privilégiés.
Cette Pipistrelle est, avec la Pipistrelle commune, celle qui s’installe le plus vite dans les gîtes artificiels spécifiques en béton ou en bois et ce même dans les zones écologiquement très pauvres comme les zones agricoles intensives tels que les vergers et les vignes des costières du Gard. La plupart des animaux fréquentant les gîtes sont des mâles, sauf à l’automne où les deux sexes sont bien représentés. Elle s’aventure loin en garrigue pour peu qu’il y ait des bâtiments agricoles isolés et des plans d’eau (ceux réalisés pour les DFCI lui sont très profitables).
Avenir de l’espèce
Etant donné son caractère antropophile, les mesures de protection concernant cette espèce sont similaires à ceux de la Pipistrelle commune. Elles sont liées pour l’essentiel à l’aménagement des édifices humains et de la gestion des milieux environnants. On viellera particulièrement à maintenir quelques ouvertures dans les constructions de nouveaux bâtiments, notamment aux niveau de la charpente et de limiter le traitement de cette dernière. Il semble aussi important de maintenir quelques fissures lors de la rénovation de vieille façade. Mais l’effort le plus important, devra être fait vers les propriétaires hébergent dans leurs combles des colonies de reproduction en essayant de les convaincre que la cohabitation est possible. Enfin, l’utilisation des pesticides devrait être limitée dans les milieux proches des plus grosses colonies.
(Texte : Jocelyn Fonderflick, Thierry Disca)
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carte Pipistrelle de Kuhl