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Atlas Chiroptères du Midi méditerranéen
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Minioptère de Schreibers Miniopterus schreibersii


Introduction

Le Minioptère de Schreibers est un chiroptère de taille moyenne, au front bombé caractéristique. Les oreilles sont courtes et triangulaires, très écartées avec un petit tragus. Le pelage est long sur le dos, dense et court sur la tête, gris-brun à gris cendré sur le dos, plus clair sur le ventre. Les ailes sont longues et étroites. De plus, il est facilement reconnaissable en cavité car il forme des groupes d'apparence grise très importants et compacts de plusieurs milliers d'individus. Très farouches, ces essaims se dispersent dès les premières secondes d'éclairage par un observateur, ce qui ne facilite pas la tâche des chiroptérologues pour les dénombrer. Ainsi pour ne pas trop déranger les essaims et faire des dénombrements fiables, les comptages de ces animaux sont réalisés en sortie de gîte ou à l'aide de photographies.

Répartition géographique

Espèce d’origine tropicale, le Minioptère de Schreibers possède une aire de répartition s’étendant du Portugal au Japon. Il est largement répandu d’Europe jusqu’en Chine, Nouvelle-Guinée, Australie et Afrique du Sud (avec la présence de sous-espèces).
En Europe, sa répartition est plutôt méditerranéenne avec une limite septentrionale allant de la vallée de la Loire et du Jura en France aux Tatras en Slovaquie. En France, l’espèce est répandue dans la moitié sud du pays avec de grandes disparités en terme de densité. Absente d’Auvergne et des Alpes internes cristallines, elle remonte à l’ouest jusqu’à la Loire et au nord-est jusqu’en Alsace où il est très rare voire accidentel.
En Languedoc-Roussillon, le Minioptère est connu de tous les secteurs méditerranéens et sub-méditerranéens, en particulier les secteurs karstiques où il est le plus abondant : Conflent, Corbières, Minervois, Vallée du Jaur, Gorges de l'Hérault et Seranne, Gorges du Gardon. Il est également présent dans la plaine littorale à la faveur de souterrains artificiels (Aqueduc, Fort) ou de quelques grottes sur la Montagne de la Gardiole ou de la Clape.
Il est quasiment absent de Lozère où il existe pourtant des secteurs favorables dans le sud du département (Gorges du Tarn).

Habitats

Le Minioptère est une espèce typiquement méridionale et strictement cavernicole présente dans les régions aux paysages karstiques riches en grottes, du niveau de la mer jusqu’à l’altitude de 700 mètres environ (Colonies du Nord de l'Hérault). Les grottes et les mines constituent donc 80% des gîtes utilisés dans la région, mais nous connaissons une très belle colonie dans un aqueduc, une autre dans un tunnel parcouru par une rivière et, malheureusement anciennement, dans les galeries d'un ancien fort militaire.
Les essaims se dispersent au coucher du soleil dans toutes les directions pour aller chasser parfois à plus de 30 ou 40 km de la colonie. Les individus ne reviennent qu'à l'aube voire "découchent quelques nuits" pour se reposer dans des gîtes secondaires (Grottes) qui forment un réseau assez dense. Ainsi en Languedoc-Roussillon, nous connaissons des gîtes utilisés par les Minioptères tous les 20-30 km.
Les habitats de chasse utilisés par l'espèce sont très variés : ripisylve, canopée forestière, Alignements d'arbres et surtout villes et villages éclairés. On retrouve par exemple le Minioptère en plein centre-ville de Montpellier !
Les lépidoptères constituent l’essentiel du régime alimentaire de mai à septembre (en moyenne 80% du volume).

Phénologie

En hiver, les Minioptères de Schreibers se rassemblent dans une vingtaine de gîtes en France (Principalement 4 en Languedoc Roussillon) . L’arrivée des individus dans ces gîtes est progressive. La période d’hibernation est relativement courte, de décembre à fin février, en fonction des conditions climatiques locales. Lors de cette période, l’espèce a la particularité de se regrouper en essaims de plusieurs milliers d’individus généralement accrochés au plafond des grottes, carrières ou anciennes mines. La grotte du Gaougnas (Cabrespine, Aude) abritait jusque vers les années 90 le plus gros rassemblement connu en France : jusqu'à 80 000 individus. Mais aujourd'hui ce gîte fortement dérangé n'abrite plus que 2 à 3000 individus. La plus grosse colonie d'hibernation connue dans la région ces dernières années est une mine située sur les flancs du Canigou (Pyrénées-Orientales) avec plus de 10 000 individus.
À la fin de l’hiver (février-mars), les minioptères abandonnent les sites d’hibernation pour rejoindre tout d’abord les sites de printemps (transit) où mâles et femelles constituent des colonies mixtes. Les femelles les quittent ensuite pour rejoindre les sites de mise bas, souvent au dernier moment et parfois situés à plus de 30 km du dernier gîte de transit, ce qui ne facilite pas leur découverte. Ce comportement "nomade" n'est pas vraiment expliqué (dérangements, recherche de ressources trophiques abondantes ?) , mais pose en tout état de cause de sérieux problèmes aux chiroptérologues de la région pour estimer la taille de la population reproductrice. Les colonies de parturition sont composées, en Languedoc, de 2000 à 6000 individus (mâles et femelles), associées dans la plupart des cas au Grand Murin (Myotis myotis), au Petit Murin (Myotis blythii), au Rhinolophe euryale (Rhinolophus euryale) et au Murin de Capaccini. Durant la même période, des mâles peuvent former de petits essaims dans d’autres cavités.
On aperçoit les premiers jeunes dès debut juin, mais le maximum des naissances intervient à la mi juin. Les jeunes sont rassemblés en une colonie compacte qui s'émancipe vers la fin juillet, date à laquelle les gîtes de transit seront bientôt déjà reinvestit !
Puis les accouplements ont lieu dès la mi-septembre avec un maximum au mois d’octobre. Cette espèce se distingue des autres espèces de chiroptères européens par une fécondation qui a lieu immédiatement après l’accouplement. L’implantation de l’embryon est différée à la fin de l’hiver, lors du transit vers les sites de printemps.
Durant les périodes de transit (automnales ou printanières), le Minioptère de Schreibers est susceptible de se déplacer vers d’autres régions, créant ainsi des connexions entre de très nombreux gîtes à l’origine d’une métapopulation couvrant probablement une zone allant du Maroc et du Portugal à la Turquie !

Avenir de l'espèce

En Languedoc-Roussillon, les habitats d'alimentation du Minioptère de Schreibers semblent relativement bien préservés. Les menaces principales concernent les gîtes de transit, d'hivernage ou de reproduction sans cesse soumis à des pressions anthropiques importantes alors que c'est une espèce qui recherche et demande une tranquillité absolue.
Ainsi les aménagements touristiques des cavités, la fréquentation importante de certains sites souterrains (Spéléologues et surtout promeneurs curieux), la fermeture pour mise en sécurité des sites souterrains par des grilles (parfois initiée par les chiroptérologues eux mêmes), l’effondrement ou le comblement des entrées des mines, sont à l'origine de nombreuses disparitions de colonies dans la région.
C'est donc en priorité la protection des gîtes que nous devons privilégier pour maintenir cette espèce dans notre région.

(Texte Vincent Rufray)

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