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Atlas Chiroptères du Midi méditerranéen
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Rhinolophe de Méhély Rhinolophus mehelyi


Introduction

Pour cette espèce, l'essentiel des connaissances de terrain que nous rapportons ici sont le fruit du travail entrepris par Mr JEANTET, ancien Conservateur du Muséum d'Histoire Naturelle de Nîmes, dans les années 50-60. En effet, celui-ci a bagué 98 individus de cette espèce sur cette période.
C'est Albert HUGUES, premier bagueur du Muséum de Nîmes, qui le signale pour la première fois dans notre région, près de Montpellier. D'abord peu prise au sérieux, cette découverte est confirmée par l'expertise de Charles MOTTAZ, en 1908. Elle est alors considérée comme une sous-espèce du Rhinolophe euryale.
Compte tenu du peu de données actuelles, il nous semble important de redonner ici les principaux éléments de diagnose de l'espèce. De taille intermédiaire entre le grand Rhinolophe et le Rhinolophe euryale (taille moyenne de l'avant-bras : 51,1 mm, extrêmes : 49 - 53,5 mm, sur un échantillon de 79 individus des deux sexes, sans dimorphisme sexuel marqué). Les éléments les plus discriminants sont la forme des feuillets nasaux : la pointe supérieure de la selle est nettement proéminente et acuminée (comme chez l'euryale), la lancette est assez courte et beaucoup plus étroite dans sa moitié supérieure que chez ce dernier où elle est triangulaire. En outre, le pourtour des yeux est marqué par des "lunettes" plus sombres.
Animal en main, Mr JEANTET insiste aussi sur la texture du patagium, très glabre, très fin, qui rappelle celui des jeunes chauves-souris; fragilité apparente qui se confirme lors des baguages qui occasionnent très fréquemment des infections et ulcérations au niveau de la bague.
J'ajouterai, pour ma part, mais sur la base d'une seule observation non confirmée par une capture, que la couleur d'ensemble du pelage me semble plus rousse, moins blonde que chez l'euryale, et que le contraste entre les faces ventrale et dorsale est plus net.
Enfin, nous disposons maintenant d'un matériel nouveau qui constitue un nouvel élément de diagnose sans capture, pour peu que l'animal soit éveillé : il s'agit du détecteur d'ultrasons. Particulièrement efficace dans le cas des Rhinolophidés, qui émettent pratiquement à fréquence constante et différente pour chaque espèce (avec des recouvrements toutefois), il devrait permettre de progresser dans la recherche de cette espèce très rare et très menacée. La capture au filet ne permet de contacter cette espèce qu'exceptionnellement (seulement en entrée de cavité).
La bibliographie situe les émissions entre 105 et 112 kHz, donc très proches de celles du petit Rhinolophe, mais avec un gabarit plutôt de grand Rhinolophe. Attention toutefois, aux variations selon les régions, et à la zone de recouvrement avec le Rhinolophe euryale qui peut monter jusqu'à 106 khz. Toute mesure sur le terrain devra donc être réalisée avec un affichage numérique et sur un battement zéro bien réglé. Un enregistrement de la séquence et une confirmation sur logiciel est fortement recommandée.

Répartition géographique

Les observations et baguages de la période 1910-1960 semblent circonscrire deux sites (au sens large) indépendants. L'un dans la région montpelliéraine qui concerne deux cavités et qui représente l'essentiel des données (87 sur 98); l'autre sur les gorges du Gardon. Les reprises, jusqu'à quatre ans plus tard, se font à l'intérieur de ces deux zones, sans échange apparent.
Considérée comme disparue de France métropolitaine jusqu'à une époque récente, les quelques données recueillies sur cette espèce dans le cadre de cet atlas laissent espérer la persistance de celle-ci dans notre région. Ainsi, aujourd'hui, seule une cavité du Minervois accueille régulièrement quelques individus, avec une dernière mention de 2 spécimens lors de l'hiver 2007-2008. Mais ces données ne reposent que sur l'observation ou la capture d'individus isolés, sans présomption du statut actuel de l'espèce.
Bien qu'un peu plus strictement méditerranéen, sa répartition potentielle régionale est grossièrement à caler sur celle du Rhinolophe euryale, en y excluant les zones au delà des piémonts.

Statut Phénologique

Les observations de Mr JEANTET sur les deux sites montpelliérains montrent que l'espèce y était sédentaire sur la zone, à la fois hivernant et en reproduction. L'un des deux était manifestement occuppé durant toute l'année par cette espèce. Nous ne disposons pas de date de mise-bas; la seule indication relative à la reproduction est la mention de femelles en gestation en date du 7/06/63.
Ces deux sites ont malheureusement été déserté du fait de l'action de l'homme, nous y reviendrons dans le dernier chapitre.
Actuellement, le statut de l'espèce reste à définir, malgré la confirmation récente (2007) de deux individus qui hivernent dans une cavité du Minervois et des observations troublantes de gros Rhinolophes euryales très typé méhély dans les gorges du Gardon.

Habitat et écologie

Le Rhinolophe de Méhély est exclusivement troglophile, comme l'euryale, avec lequel il est souvent en mélange dans les colonies, en particulier d'hivernage.
Selon Mr JEANTET, les deux sites utilisés en période de reproduction étaient marqués par une atmosphère relativement confinée (peu de ventilation) et chaude (de l'ordre de 16°C).

Avenir de l'espèce

Cette espèce, comme toutes les troglophiles, a eu à subir des destructions directes comme le rapporte un article de journal relatant la découverte, le 7/06/63, sur un des deux sites montpelliérains, de 40 femelles en gestation, baignant dans un bidon de fioul auquel on avait mis le feu...! Cette cavité s'est, par ailleurs, trouvée prise dans l'extension de l'agglomération de Montpellier.
L'autre cavité, un peu plus éloignée existe encore, mais a fait l'objet de plusieurs campagnes de fouilles archéologiques occasionnant des dérangements répétés durant des périodes de fragilité de la colonie (reproduction et hibernation). De plus, l'intérêt de la cavité, de ce point de vue, a amené la fermeture de l'entrée par une grille à barreaux verticaux, bloquant en grande partie l'accés des chauves-souris.
Enfin, les contraintes de travaux ont amené les archéologues à percer un nouvel accés, modifiant les conditions bioclimatiques de la grotte.
Si l'on rajoute à cela les campagnes de démoustication du littoral de cette petite région, on obtient un "concentré" très représentatif de l'ensemble des causes de disparition des chauves-souris du Languedoc-Roussillon.

Pour cette espèce, le groupe poursuit deux objectifs : l'un à court terme est la réhabilitation, en concertation avec les archéologues et le propriétaire, du principal site connu autrefois.
L'autre, à plus long terme, est d'accumuler d'autres données et d'identifier ainsi d'autre sites, d'hivernage ou de reproduction.


Texte : Jean Séon, Thierry Disca

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