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Atlas Chiroptères du Midi méditerranéen
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Noctule de Leisler Nyctalus leisleri


Introduction

Les confusions avec la Noctule commune (Nyctalus noctula) sont peut-être à l’origine du retard à propos des connaissances que l’on peut avoir en France sur la Noctule de Leisler (cf. plan de restauration carte de 1984 et celle de 1996).
Pourtant, malgré une ressemblance certaine avec sa proche parente, la Noctule de Leisler est aisément reconnaissable. Son poil est plus brun, moins roux luisant et bicolore à base sombre lorsque l'on a un individu en main. Sa taille inférieure lui donne une allure de grosse pipistrelle aux grandes oreilles arrondies et aux narines proéminentes. En main, elle est souvent très excitée et se contracte de manière spasmodique tout en émettant des " tsiks " puissants. Ces mêmes cris sont audibles en vol qui est, par ailleurs, rapide, circulaire et ponctué de brusques piqués lorsque l'animal est en chasse. La Noctule de Leisler vole assez haut, rarement seule et chasse souvent en petit groupe. On peut régulièrement la voir évoluer au crépuscule. Outre sa taille moyenne et ses ailes effilées, ce qui frappe alors, ce sont ses oreilles arrondies nettement visibles. Ainsi l'observation, combinée à l'écoute des cris audibles et ultrasonores, qui sont caractérisés par une alternance de structure QFC >20khz et FM aplanie jusqu’à 27khz, ne laisse alors aucun doute sur l'espèce.

Répartition géographique

En Languedoc-Roussillon, de la plaine littorale jusqu'en montagne, les contacts de Noctule de Leisler sont relativement fréquents, mais plus abondants en zone de montagne au-dessus de 500 m. Qu'il s'agisse de captures au filet, d'écoutes au détecteur d'ultrasons ou d'observations directes en vol, cette espèce est souvent mentionnée y compris dans les grandes villes comme Montpellier. Il semble donc probable que la Noctule de Leisler soit assez commune dans notre région bien que les observations en gîte soient rares et concernent le plus souvent des individus isolés ou en petit nombre occupant des gîtes anthropiques de transit ou d'hivernage. Aucune colonie de mise-bas n'est avérée, mais la capture d’une femelle allaitante atteste de la reproduction de l’espèce en Lozère.

Statut phénologique

La Noctule de Leisler est observée toute l'année en Languedoc-Roussillon, la majorité des données provenant de captures estivales. À l'automne et au printemps, certains gîtes sont occupés temporairement (de fin septembre à novembre et de mars à fin mai) comme le montrent des mesures faites sur des entrées et sorties de nichoirs en Costière de Nîmes (Jay, comm. pers.). Ils correspondraient à des gîtes de transit entre les quartiers d'été et d'hiver. Mais bien que de tels déplacements soient évidents, leur longueur n'est pas connue en Languedoc-Roussillon tout comme leur direction qui, selon toute logique, serait Sud-Ouest / Nord-Est. Des dates de données attestent de la présence en hiver de la Noctule de Leisler, mais aucun sexage des individus observés n’est relaté. L’hibernation s'étalerait de novembre à mars.

Le sexe-ratio des captures montre une nette majorité de mâles. Plusieurs explications peuvent être formulées, mais selon toute vraisemblance, les colonies de parturition seraient rares en Languedoc-Roussillon. Elles se localiseraient plus probablement dans les grands massifs forestiers de feuillus en montagne plutôt qu’en plaine, voire même uniquement dans les secteurs non méridionaux comme ceux de Lozère.
Ainsi, notre région abriterait toute l’année une population de mâles, alors qu’en période de migration automnale, comme le mentionne la littérature, ce seraient les femelles qui se déplaceraient sur de grandes distances, entre le Nord-Est de l’Europe et le Sud-Ouest, pour rejoindre des gîtes défendus par les mâles en rut. Comme cela semble être aussi le cas pour la Pipistrelle de Nathusius. On devrait donc logiquement capturer des femelles à ces périodes. Mais, par ailleurs, peu de séances de capture sont faites au sortir de l’hiver et après septembre alors que, dans notre région, l'activité des chauves-souris bat encore son plein en octobre et ne s'estompe qu'en novembre.

Aucun gîte avéré de mise bas n’est connu dans notre région. La femelle allaitante capturée en Lozère le fût le 28 juillet. Or, POTTIER (1993) en Normandie situe les naissances habituellement vers la fin juin. Cela pourrait donc être également le cas en Lozère. Toujours d’après POTTIER, les jeunes commencent à voler fin juillet et sont émancipés au cours de la mi-août, date à laquelle les colonies quittent leurs gîtes de parturition et d'élevage. Il est donc logique de voir apparaître les premiers grands déplacements en septembre.

Habitat et écologie

La Noctule de Leisler est considérée comme une espèce arboricole à tendance anthropophile. En effet, elle utilise comme gîte, soit des cavités d'arbres, soit des fissures de bâtiment (mur, poutre, linteaux...). Il n'est pas rare de la voir occuper des nichoirs à mésange et occupe volontiers les nichoirs spécialement conçus pour les chiroptères arboricoles.
L'hiver, J.L. BESANCON a trouvé un groupe de 6 Noctules de Leisler dans un nichoir à mésange ce qui indiquerait qu'elle occupe également des cavités d'arbre à la mauvaise saison. Mais sa présence en bâtiments, en hiver, n'est pas à exclure tout comme l'utilisation des fissures de rochers.

Apparemment liée à la présence d'arbres, la Noctule de Leisler a été contactée dans des milieux différents, de la plaine littorale jusqu'en montagne (altitude maximum connue 1200 mètres dans les P-O) : ripisylve, bois de chêne blanc, pelouses et friches, parcs et jardins, pinède, garrigue, hêtraie etc. Mais les contacts sont plus nombreux et récurrents sur les reliefs de l’arrière pays au niveau des zones de forêt caducifoliée des grandes vallées.
En ce qui concerne le régime alimentaire, SULLIVAN et al. (1993) et les observations de chacun montrent qu'elle chasse surtout le plancton aérien, à découvert : en lisière de forêt ou au-dessus de la canopée, au-dessus des prairies pâturées et en rivière bordée d’une ripisylve. Dans l'étude de SULLIVAN et al., faite en Irelande, l'analyse du contenu des crottes révèle une part importante de diptères, surtout de petite taille (Chironomides, Culicidés, Psychodidés), et de mouches dont la « Mouche à merde » (Scatophaga stercoraria) abondamment retrouvée dans les échantillons. Cette mouche fréquente assidûment les bouses de vaches et le crottin de cheval. Les auteurs de cette étude émettent l'idée que la Noctule de leisler chasse tôt, dès le coucher du soleil, pour pouvoir capturer ces mouches qui sont diurnes. Parmi les autres proies consommées dans une part non négligeable, signalons les lépidoptères, les coléoptères et les arachnides. Tous sont des insectes volants et les araignées sont souvent retrouvées parmi le plancton aérien car elles se laissent dériver, au gré du vent, au bout de leur fil de soie. De plus, la Noctule de Leisler chasse assez haut et son vol rapide suggère plutôt qu'elle fonde sur les essaims de " moucherons " (SULLIVAN et al., op. cit.).
En Languedoc-Roussillon, l'étude de BERTRAND (1991) sur un petit échantillon de huit fèces récoltées en Ariège montre bien des points communs avec l'étude précédente. L'analyse révèle un total de 33 % des occurrences pour les diptères, 22 % pour les lépidoptères, 28 % pour les arachnides, et 11 % pour les coléoptères.
Enfin, cette espèce est souvent observée dans les villes et les villages où elle chasse au-dessus des lampadaires et au-dessus de friches. Bien souvent des parcs, où il y a des arbres ou des bosquets de grands pins pouvant abriter des animaux, se trouvent à proximité des zones de chasse.

Avenir de l'espèce

L’ensemble des données de Noctule de Leisler montre qu’il s’agit d’une espèce apparemment assez commune en Languedoc-Roussillon. Elle ne semble pas menacée pour l’instant, mais l’on peut émettre quelques réserves qui nous incitent à la classer comme espèce à surveiller.
D’une part, le fait qu’elle occupe préférentiellement des cavités d’arbre peut la rendre vulnérable aux pratiques forestières dans les zones exploitées et aux élagages des grands arbres d’alignement en plaine qui diminuent les potentialités de gîte. D’autre part, si les colonies de mise-bas sont effectivement rares, leur maintien peut être précaire et il serait important de pouvoir les localiser afin de pouvoir définir des actions de conservation.
Par ailleurs, il s'agit d'une espèce sensible au risque éolien et deux cadavres ont déjà été découverts sur le piémont du Haut-Languedoc.

La protection de cette espèce passe donc inévitablement par le maintien des vieux arbres dans les forêts d'exploitation et dans les zones où la présence d'arbres est plus rare comme c'est le cas dans la plaine littorale. Une information doit également être faite auprès des sociétés d'élagage en particulier celles qui s'occupent de la taille des platanes afin qu'elles soient sensibilisées aux problèmes de protection des chauves-souris arboricoles. Le maintien des zones ouvertes est également important pour conserver des milieux de chasse favorables bien que la Noctule de Leisler puisse chasser au-dessus des boisements.
Enfin, il est possible de favoriser l'implantation de colonies en posant des nichoirs dans les endroits où peu de gîtes sont susceptibles d'être colonisés.

Cependant, beaucoup d'incertitudes demeurent encore sur la connaissance de cette espèce. C'est pourquoi il est préférable de poursuivre les prospections et les études dans notre région avant de pouvoir en dire plus sur les mesures de protection et de gestion des milieux requis et efficaces pour l'avenir.
Dans l'urgence, nous préconisons donc la protection de toute colonie trouvée.


Texte : Thierry Disca

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