L'enquête

1- Les objectifs

Cette enquête a plusieurs objectifs, qui impliquent de relever plusieurs informations lors d'une observation :

• préciser sa répartition (quelles coordonnées géographiques ?)
• préciser le statut des populations (avez-vous observé des ténéraux ou trouvé des exuvies ?)
• récolter des informations sur l'habitat de l'espèce (quelles sont les plantes présentes sur le site ? en quelle densité ? quelle est la surface du plan d'eau ? etc.).

a- Préciser sa répartition

Il est nécessaire d'augmenter la pression d'observation, de prospecter les sites connus mais également de nouvelles zones. Lorqu'un individu est trouvé, il faut enregistrer les coordonnées de l'observation à l'aide d'un GPS ou plus simplement bien repérer le lieu sur une carte IGN au 1/25000 pour ensuite trouver les coordonnées sur www.geoportail.fr (site qui présente l'avantage de pouvoir visualiser cette carte et une photo aérienne). Relever ces coordonnées en degrés décimaux ou en UTM.

b- Préciser le statut des populations

Afin d'être certain qu'un point d'eau soit un site de reproduction, il faut pouvoir observer soit une émergence soit un individu ayant fraîchement effectué sa métamorphose (Portfolio) ou plus simplement trouver une exuvie parmi la végétation. On trouve celles-ci accrochées à une tige de jonc, de scirpe... ayant le pied dans l'eau à une hauteur de 29,3 ± 13,6 cm par rapport à la surface (min=4, max=69, n=47).
On peut encore rechercher des larves à l'aide d'un filet troubleau...

c- Récolter des informations sur l'habitat

Des travaux en cours sur l'utilisation de l'habitat (Recherches) donnent quelques premières indications sur les besoins de l'espèce d'un point de vue 'structure de l'habitat'. D'autres sur le choix de la plante hôte de la ponte élargissent la vision selon laquelle la présence du Scirpe maritime Bolboschoenus maritimus serait strictement nécessaire à la reproduction de Lestes macrostigma.
Il est alors vivement souhaitable de préciser quelques caractéristiques stationnelles, faciles et rapides à récolter.
- surface du plan d'eau
- pourcentage d'eau libre
- profondeur de l'eau
- origine de l'eau (précipitations ou réseau hydraulique)
- espèces de plantes présentes
- structure de la végétation (4 classes de densité)
- présence de chevaux et/ou de taureaux (pastoralisme)
Il y a également un grand intérêt à décrire les autres espèces d'Odonates qui se développe dans le même point d'eau que L. macrostigma, en précisant le stade rencontré (adulte et/ou exuvie). Un intérêt tout particulier sera porté aux exuvies puisqu'elles apporteront la preuve que telle ou telle autre espèce cohabite à l'état larvaire avec L. macrostigma.

2- Où prospecter

Lestes macrostigma se rencontre classiquement dans les marais temporaires à eaux saumâtres où pousse le Scirpe maritime Bolboschoenus maritimus. Les femelles peuvent également pondre dans le Jonc maritime Juncus maritimus et dans le Scirpe lacustre Schoenoplectus lacustris. On cite également l'espèce dans des eaux douces, permanentes. On pourra donc la rechercher de préférence dans les scirpaies et les jonchaies qui, le plus souvent, s'assèchent en été. Il ne faut pas hésiter à visiter la moindre roubine, le moindre trou d'eau, même en milieu artificialisé, même au milieu d'une sansouïre (formation végétale halophile), car l'espèce peut se maintenir sur quelques m².
Ces milieux peuvent être à proximité de roselières, de canaux, au milieu de tamaris qui les abritent du vent (L. macrostigma y semble sensible) ou en zone très ouverte... Les photos ci dessous donnent quelques idées de la variabilité des milieux où peut se reproduire L. macrostigma.

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Un bassin en Sardaigne (cliché : C. Vanappelghem).

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Un trou d'eau de 100m² dans une sansouïre, bordé de très peu de Scirpe maritime, de phragmites et de tamaris (cliché : P. Lambret).

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Le Clos des Montures (exemple donné sur l'interface de saisie des données) : vaste jonchaie/scirpaie bordée de quelques tamaris et de joncs piquants (cliché : P. Lambret).

3- Quand prospecter

L'étude en 2009 de la phénologie du vol par des transects (Recherches) a montré que l'abondance des adultes est maximale deux à trois semaines après les premières émergences à la mi-mai (voir Figure 1). Pour trouver une nouvelle station ou vérifier la présence de l'espèce sur une station déjà connue, l'observateur maximise donc ses chances en prospectant durant la première semaine de juin.

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Fig. 1 - Phénologie de vol de Lestes macrostigma aux Marais du Vigueirat en 2009.

Pour ce qui est de trouver des exuvies, les émergences ont lieu à partir de la deuxième décade de mai. Elles sont rapides et synchrones (voir Figure 2). On dispose donc de peu de temps pour les rechercher ; d'autant que les exuvies sont légères et fragiles et que le vent souffle fort et souvent, notamment en Camargue. Il convient donc de passer fréquemment (tous les trois ou quatre jours) sur le site où L. macrostigma a déjà été observé. Ceci implique que seuls quelques sites pourront être contrôlés par une personne chaque année.


Fig. 2 - Phénologie d'émergence de Lestes macrostigma aux Marais du Vigueirat en 2009.





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